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TCHÉCOSLOVAQUIE

Rupture entre deux nations

Tous les sondages d'opinion de 1990 et 1991 montraient la nette préférence des populations tchèque et slovaque pour la République fédérale, en mettant au premier plan des raisons économiques (la taille du marché national) et géopolitiques : la crainte du poids de l'Allemagne réunifiée, le voisinage d'une U.R.S.S. en train de se désintégrer et, pour les Slovaques, l'idée d'une possible renégociation des frontières méridionales avec la Hongrie. Encore à l'automne de 1992, alors que tous savent la séparation inéluctable, 79 p. 100 des Tchèques et 82 p. 100 des Slovaques en étaient toujours partisans. Le gouvernement fédéral de 1990 était lui aussi partisan du maintien de la Tchécoslovaquie. En 1991 et 1992, le Premier ministre tchèque, Petr Pithart, un des penseurs les plus importants de la dissidence civique avec Havel, lui-même très attaché à la Tchécoslovaquie, fit des efforts inlassables pour coordonner une politique d'intérêt commun rendue difficile par le Premier ministre slovaque Vladimir Měciar, au pouvoir depuis juin 1990. Dans les pays tchèques, les élections législatives de juin 1992 amènent au pouvoir un nouveau Premier ministre, le chef de l'O.D.S., Václav Klaus,qui souhaite conserver des domaines de collaboration économique avec la Slovaquie, tout en étant partisan d'une séparation. Le Conseil national slovaque publie une déclaration de souveraineté le 17 juillet 1992. Klaus et Měciar négocient la partition du pays et parviennent à un accord le 27 août, à Brno. Le 24 novembre 1992, les Parlements tchèque et slovaque approuvent les traités régissant les relations à conserver entre les futurs États et, le lendemain, le Parlement fédéral adopte le projet de loi de partition et vote sa propre disparition. L'union douanière entre les deux États est conservée. Le Parlement slovaque adopte une Constitution le 1er septembre 1992, la Constitution tchèque est votée le 16 décembre. Le 1er janvier 1993, sans qu'il y ait eu consultation populaire, la République fédérale tchèque et slovaque cède la place à deux États distincts : la République tchèque (10 323 690 habitants en 1993) et la Slovaquie (5 296 768 habitants).

Václav Havel, qui a démissionné de sa fonction de président de la République fédérale tchèque et slovaque le 20 juillet 1992, est élu président de la République tchèque le 26 janvier 1993 par le Parlement tchèque, tandis que Václav Klaus devient Premier ministre tchèque. Vladimir Mečiar vient à Prague pour négocier les modalités de l'union monétaire entre République tchèque et Slovaquie et, le 8 février, deux unités monétaires distinctes sont créées : la couronne tchèque (CZK) et la couronne slovaque (SKK). Les conséquences économiques immédiates de la séparation, jointes à celles des premières étapes de la transition vers l'économie de marché, sont défavorables pour la Slovaquie, dont le taux de chômage s'élève à 15 p. 100 à la fin de 1993.

— Marie-Elizabeth DUCREUX

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Légionnaires tchèques - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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