TCHIANG KAI-CHEK ou JIANG JIESHI[TSIANG KIA-CHE](1887-1975)
L' objectif de Tchiang Kai-chek (ou Jiang Jieshi) était d'unifier la Chine, en proie au chaos après la chute de la dynastie mandchoue des Qing en 1911. Soldat avant tout, il combat alternativement ou parallèlement les seigneurs de la guerre et les communistes, et parvient à établir un gouvernement central nationaliste à Nankin en 1928. Mais le choix qu'il fait lors de la Seconde Guerre mondiale – lutter plutôt contre les communistes que contre les Japonais – lui aliène le soutien de la population chinoise. La victoire des communistes en 1949 le contraint de s'exiler à Taïwan, où il instaure un régime autoritaire, soutenu dans un premier temps par les États-Unis dans leur stratégie d'encerclement de la Chine populaire. Tchiang Kai-chek a échoué à mener à bien son projet, certainement par manque de vision et d'ambition.
Les débuts d'un révolutionnaire
Tchiang Kai-chek, de son nom officiel Chiang Chung-cheng, naît le 31 octobre 1887 dans une famille de commerçants et de paysans assez aisée de Fenghua, dans la province côtière du Zhejiang. Se destinant à la carrière des armes, il entre en 1906 à l'Académie militaire de Baoding, dans le Hebei, puis se forme à l'Académie militaire de Tōkyō de 1907 à 1911. À partir de 1909, il sert ainsi dans l'armée japonaise, dont il admire et adopte les idéaux spartiates. Il subit cependant davantage l'influence des jeunes compatriotes du Tongmenghui (Parti de la Ligne jurée) qu'il rencontre à Tōkyō. Projetant de débarrasser la Chine de la dynastie mandchoue des Qing, ces derniers convertissent Tchiang Kai-chek aux valeurs républicaines et font de lui un révolutionnaire.
Ayant eu vent des insurrections révolutionnaires qui éclatent dans son pays natal, Tchiang Kai-chek regagne la Chine en 1911 et prend part aux combats sporadiques qui finiront par chasser les Qing. Il s'engage alors aux côtés des républicains et autres révolutionnaires chinois qui, de 1913 à 1916, tentent de renverser le nouveau président et empereur en puissance, Yuan Shikai.
Puis, pendant deux ans (1916-1917), Tchiang Kai-chek réside à Shanghai, où il semble faire partie de la Bande verte (Qingbang), une société secrète impliquée dans des manœuvres financières. En 1918, il fait son retour dans la vie publique au côté de Sun Yat-sen, le chef du Parti nationaliste, ou Guomindang (G.M.D.). Ainsi commence une association étroite entre les deux hommes qui permet à Tchiang Kai-chek d'exercer un pouvoir grandissant. Sun est avant tout soucieux de réunifier la Chine, divisée entre des potentats en guerre depuis la chute de Yuan Shikai. Après avoir arraché le pouvoir aux Qing, les révolutionnaires l'ont en effet perdu au profit des seigneurs de la guerre chinois. À moins de vaincre ces derniers, leur lutte se sera avérée inutile.
Sun Yat-sen s'attelle alors à réorganiser le Guomindang selon les lignes soviétiques. Tchiang Kai-chek se rend en U.R.S.S. dès 1923 pour étudier les institutions de ce pays, en particulier l'Armée rouge. De retour en Chine quatre mois plus tard, il devient le directeur d'une nouvelle académie militaire fondée sur le modèle soviétique, à Huangpu (Whampoa), près de Canton. Les conseillers soviétiques affluent à Canton et les communistes chinois sont pour la première fois admis au sein du Guomindang. La force de ces derniers s'affirme rapidement, surtout après la mort de Sun Yat-sen en 1925, et des tensions apparaissent avec les éléments plus conservateurs du parti. Tchiang Kai-chek, qui, avec le soutien de l'armée de Huangpu, est le plus puissant héritier de Sun Yat-sen, gère cette menace avec une grande habileté. Faisant tour à tour preuve de fermeté et d'indulgence, il tente de saper l'influence grandissante des communistes sans perdre le soutien de l'U.R.S.S. Moscou lui retire cependant sa confiance en 1927, après qu'il eut brutalement[...]
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