TCHOUKTCHES
Peuple divisé en deux groupes : les Tchouktches maritimes sédentaires, et les Tchouktches éleveurs de rennes, nomades. Les villages des Tchouktches maritimes sont situés sur le littoral arctique, entre le cap Erri et le cap de l'Est, et sur le littoral de la mer de Béring, entre le cap de l'Est et la baie d'Anadyr. Les camps des éleveurs de rennes sont éparpillés sur toute la région du Nord-Est, des bouches de la rivière Indiguirka au cap Anannon. Sur le littoral pacifique, ils habitent le long de la rivière Opouka et la région des montagnes Palpal ; certains d'entre eux se sont mélangés avec les Koriak et ont émigré vers Parapolski Dol, atteignant le sud de la péninsule du Kamchatka. À la fin des années 1990, ils étaient 15 000 (en 1926, ils étaient 12 364 dont seulement 30 p. 100 étaient sédentaires).
Les premiers contacts entre les Russes et les Tchouktches ont lieu au début du xviie siècle. En 1642, un groupe de cosaques dirigés par Ivan Eratsov arrivent à l'ouest de Kolyma sur la rivière Alazeïeva. À la fin du xviiie siècle, des échanges commerciaux réguliers sont établis entre l'État moscovite et les Tchouktches. Les premiers soviets sont formés en 1919, mais il faudra attendre 1923 pour qu'ils soient définitivement installés. Leur structure était particulièrement originale ; ils respectaient l'organisation clanique des Tchouktches. En 1930, l'arrondissement (okroug) national des Tchouktches est créé (en 1994, l'arrondissement autonome des Tchouktches, qui appartient à la fédération de Russie, capitale Anadyr, comptait 150 000 hab. environ) ; une partie des Tchouktches avait été groupée dans la R.S.S.A. de Iakoutie, une autre dans l'arrondissement national des Koriak. La langue tchouktche fait partie du groupe samodi des langues paléo-asiatiques. À l'origine, les Tchouktches étaient un peuple de chasseurs maritimes proches des Esquimaux par leur mode de vie. Une partie d'entre eux adopta l'élevage du renne, ce qui eut pour conséquence de les fractionner en deux branches vivant maintenant l'une à côté de l'autre avec des traditions culturelles identiques et différant seulement par leur mode de vie. Les éleveurs de rennes sont nomades et possèdent d'importants troupeaux ; pendant la saison d'été, ils vivent sur la côte de l'océan et, pendant l'hiver, ils vont dans les régions boisées. Chez les Tchouktches maritimes, l'unité socio-économique était le bayadar, composé de trois ou cinq familles apparentées qui chassaient ensemble et partageaient les produits de chasse suivant les règles établies au cours des siècles. Ce groupe pouvait inclure aussi des voisins et, au début du xxe siècle, il devint plutôt une association territoriale. L'unité socio-économique des Tchouktches éleveurs était le « camp », composé de quatre ou cinq familles qui travaillaient et gardaient leurs troupeaux ensemble. Chez les Tchouktches éleveurs, le mariage était une nécessité économique et sociale. Le célibat était plus fréquent dans les clans maritimes. Le chasseur de mer ne pouvait guère entretenir plus d'une femme, tandis que parmi les nomades on rencontrait assez fréquemment des cas de polygamie, car un riche éleveur aspirait à avoir une épouse pour chaque troupeau. Les jeunes femmes se substituaient souvent aux hommes pour garder les troupeaux et menaient une existence assez indépendante ; les femmes aidaient normalement à soigner les rennes et faisaient tout le travail d'écorchage et de boucherie. Les éleveurs de rennes étaient endogames, les mariages entre cousins ou parents du même clan étant fréquents. À partir du xixe siècle, ils cherchèrent des femmes dans les tribus voisines : Koriak, Esquimaux, Tchouktches maritimes, Toungouzes. Pour se marier, un homme devait posséder des troupeaux. Quand son beau-père[...]
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Écrit par
- Anca STAHL : docteur de troisième cycle
Classification
Média
Autres références
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POLYGAMIE
- Écrit par Roger BASTIDE
- 9 914 mots
...de l'« obligatoire », qui échappent par conséquent au propos de cet article, on trouve affirmée l'existence d'un mariage par groupes, d'abord chez les Tchouktche, où des cousins, voire des hommes sans rapports de parenté, afin de cimenter entre eux des liens d'amitié, exercent ensemble leurs droits maritaux... -
SIBÉRIE
- Écrit par Vadime ELISSEEFF , Pascal MARCHAND et Guy MENNESSIER
- 14 170 mots
- 6 médias
...lances, de flèches, des grattoirs divers, des harpons et des briquets à feu. Il y a des ensembles comparables en surface auprès de certaines crevasses où Tchouktches (Čulkči) et Koryaks (Korjaki) plaçaient encore, hier seulement, des poils d'animaux, de la poudre, des balles et des allumettes. Le rite est...