TECHNIQUES DE STIMULATION CÉRÉBRALE
Les méthodes de neurostimulation en psychiatrie sont des techniques interventionnelles qui influencent la fonction cérébrale, de manière invasive ou non, selon trois types de stimulations : électriques, magnétiques ou profondes. Parmi les techniques non invasives, on trouve l’électroconvulsivothérapie (ECT), communément dénommée « électrochocs », la stimulation magnétique transcrânienne (TMS), la stimulation électrique transcrânienne à courant continu (t-DCS) et la magnétoconvulsivothérapie (MCT). Les techniques invasives comprennent la stimulation cérébrale profonde (SCP) et la stimulation du nerf vague (SNV).
Depuis la fin des années 1970, l’électroconvulsivothérapie est un traitement de référence de la dépression mélancolique, forme sévère et grave de dépression. Il s’agit d’une technique sûre et efficace lorsqu’elle est pratiquée dans le respect des règles. La stimulation magnétique transcrânienne a montré quant à elle un intérêt dans de nombreux travaux scientifiques. Les autres techniques de neurostimulation sont des traitements d’exception, indiqués lorsque les thérapeutiques conventionnelles sont inefficaces.
L’utilisation des techniques de stimulation cérébrale a d’abord reposé sur une approche empirique avec l’observation d’effets psychiatriques bénéfiques alors qu’elles étaient utilisées dans d’autres indications. Avec l’avènement des neurosciences au cours des années 2000, on est parvenu à justifier le cadre de leur utilisation par une approche physiopathologique, reliant les mécanismes d’action de ces méthodes avec des hypothèses étiopathogéniques des troubles psychiatriques.
L’action de modulation du fonctionnement cérébral par ces techniques a fréquemment soulevé des questions éthiques et des controverses : s’agit-il d’expérimentations humaines ? Représentent-elles des soins abusifs et non consentis ? S’inscrivent-elles dans des projets liés à l’homme augmenté et au transhumanisme ? Depuis les années 2000, l’ensemble des techniques de neurostimulation est utilisé dans le cadre éthique de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et respectant les critères suivants : absence de contrainte, information exhaustive et intelligible, justification de l’indication au traitement et de sa balance entre les bénéfices et les risques, obtention d’un consentement éclairé réversible à tout moment.
L’électroconvulsivothérapie
Principe, indications et mécanisme d’action
L’électroconvulsivothérapie (ECT), aussi appelée sismothérapie, est une technique de stimulation électrique du cerveau effectuée au cours d’une anesthésie générale et qui produit une crise d’épilepsie.
Elle a été inventée en 1938 par les psychiatres italiens Ugo Cerletti et Lucio Bini. Depuis lors, son développement a été limité par des polémiques récurrentes à son sujet. En effet, l’ECT a longtemps été réalisée sans anesthésie et parfois proposée dans le cadre d’indications inadaptées, ce qui a contribué à sa mauvaise image. Pourtant, les résultats de cette technique sont indéniables : il s’agit du traitement le plus efficace en psychiatrie dans les cas de dépression mélancolique ou de dépression résistante. Elle est recommandée par l’ensemble des sociétés savantes internationales. Outre certaines formes de dépression, son usage peut être proposé dans les situations de schizophrénie résistante.
Pendant longtemps, le mécanisme d’action des sismothérapies est resté une donnée empirique. L’avancée des neurosciences a permis d’observer plus précisément ce qui se produit au cours d’une cure, et de formuler des hypothèses quant au fonctionnement de cette méthode. La première hypothèse est celle de l’effet anticonvulsivant. La réaction de l’organisme face à la crise convulsive va être de chercher à la stopper et donc de réduire l’excitabilité neuronale. Ce[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Lila MEKAOUI : médecin psychiatre, praticien hospitalier
Classification