TECHNIQUES MODERNES DE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE, Jan Tinbergen Fiche de lecture
„La politique économique consiste dans la manipulation délibérée d'un certain nombre de moyens mis en œuvre pour atteindre certaines fins.“ Cette définition, à première vue aride, permet à Jan Tinbergen (1903-1994, Prix Nobel d'économie en 1969) de contribuer de manière magistrale à la théorisation de la politique économique, dans un contexte historique dominé par le triomphe du keynésianisme et de la synthèse néo-classique, aux côtés de John Marcus Fleming, Bert Hansen, John Hicks ou Robert Mundell.
Economic Policy. Principles and Design publié en 1956 (et traduit en français en 1961 sous le titre Techniques modernes de la politique économique) puise sa force dans le propre parcours de Tinbergen, qui a acquis une solide expérience dans la construction de modèles macroéconométriques – il en est l'initiateur dans les années 1930. Sa fécondité sera également illustrée par les travaux ultérieurs de l'auteur, qui propose à la fin des années 1960 des voies de politique économique destinées à favoriser le développement.
Une typologie des politiques économiques
L'ouvrage traite la politique économique „d'une façon relativement plus systématique qu'on ne l'a fait jusqu'à présent“. À partir d'une définition originale de l'économie („un groupe d'êtres humains agissant de façon à satisfaire leurs besoins, plus particulièrement leurs besoins d'ordre matériel, sans négliger toutefois les besoins spirituels“), le chapitre premier („Contribution de l'analyse économique à la détermination de la politique économique“) se déploie sous la forme d'une typologie des instruments (les variables de commande, ou moyens) et des politiques économiques. Les instruments vont „d'une variation des droits d'importation sur les poissons inférieurs à 5 cm de longueur jusqu'à la nationalisation de l'industrie sidérurgique“ en passant, bien sûr, par des politiques budgétaires (variation des dépenses publiques), monétaires (variation de la masse monétaire ou des taux d'intérêt) ou fiscales (variation du taux d'imposition). Ils sont donc qualitatifs ou quantitatifs, cette distinction permettant de définir plusieurs types de politique économique : la politique „quantitative“ concerne des changements de la valeur d'instruments (par exemple une variation du taux d'escompte) ; la politique „qualitative“ est relative à des changements qui affectent la structure de l'économie (par exemple une politique de redistribution) ; enfin, la réforme désigne les politiques les plus ambitieuses, celles qui touchent aux fondements mêmes du système économique (par exemple la mise en place d'une planification).
Le chapitre ii présente les règles de construction des modèles – qui relèvent de la „simplification, étant donné la nature très complexe de la vie économique“. Les quatre chapitres suivants analysent d'un point de vue théorique ces politiques économiques : la politique quantitative en économie fermée (chapitre iii) puis ouverte aux échanges extérieurs (chapitre iv), tandis que les chapitres v et vi abordent la politique qualitative (le rationnement, les stabilisateurs automatiques, le changement du régime fiscal, etc.) puis les réformes contre l'injustice sociale, dont „l'économie de bien-être n'a pas encore pleinement tenu compte“.
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Écrit par
- Philippe LE GALL : professeur d'économie, université d'Angers
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