TECHNOLOGIE CULTURELLE
Techniques de consommation
L'alimentation
L' étude des procédés alimentaires suit également une progression logique : préparation, conservation, absorption. La préparation commence d'ailleurs dès la récolte. On situe ici tous les procédés d'égrainage, de piquage, de râpage, de pressage, de broyage qui préparent l'aliment à la cuisson. Les différents moyens utilisés pour rendre aptes à la consommation humaine les aliments carnés et végétaux (rôtir, bouillir, frire, mariner...) ont un très grand intérêt, en dehors du domaine purement technique. Claude Lévi-Strauss a montré que chacun des trois types fondamentaux de nourriture : cru, cuit et pourri a des harmoniques dans les domaines sociologique et religieux.
Les techniques de conservation changent selon le milieu naturel. Il n'est pas pour surprendre que le froid soit utilisé par les Esquimaux pour préserver leur viande, ni la dessication par les peuples vivant en milieu sec et ensoleillé. Le fumage est une technique qui est concentrée en Amérique du Nord. L'étude des techniques de conservation implique nécessairement celle de l'analyse des contenants.
L'absorption des aliments donne lieu à des études de l'esthétique du goût. Celui-ci n'est pas universel mais culturel ; ainsi, au Japon, la texture d'un aliment est considérée comme un trait pertinent, ce même aliment paraissant fade au goût européen.
Le vêtement
Il faut distinguer parure et vêtement. Certes, chaque culture élabore ses propres critères à cet égard, mais il est rare de pouvoir superposer ces critères à une distinction entre nécessité biologique et désir culturel. L'étui pénien en Mélanésie ou en Amérique du Sud est-il un fait culturel ou biologique ? C'est pourtant un vêtement, si celui-ci doit être compris comme étant essentiel à l'apparition en public d'un homme. Les capes de fourrure des Fuégiens relèvent-elles de la culture ou de la biologie ? Elles ne sont pas d'une nécessité absolue, car les groupes de cette région du monde se promènent parfaitement sans couverture.
L'habitation
L'habitation est l'inscription d'une société sur le sol, et reflète donc des rapports sociaux. Il faut distinguer l'habitation de l' habitat. L'habitation est une unité de construction dont les éléments sont le toit, les murs, les planchers et dont la structure est l'agencement de ces éléments en un plan ou, si l'habitation a plusieurs étages, en plusieurs plans. Les éléments de l'habitat sont les différents types de construction, et sa structure n'est que l'agencement entre eux de ces éléments, agencement que déterminent la société et la culture.
Le procédé d'analyse qui consiste à cartographier les différents types d'habitation ne fait ressortir aucune corrélation nette, sinon que les maisons sur pilotis en terrain sec semblent se concentrer dans l'Asie du Sud-Est. En réalité, il faut séparer l'étude de la forme des maisons et celle des principes de construction. Pour ce faire, les constructions se partagent en deux types : celles qui sont érigées avec des murs porteurs et celles qui sont érigées selon le principe de l'ossature, squelette sur lequel on pose des murs et des éléments de la couverture du toit. Or ces deux grandes catégories et leurs permutations se répartissent à la surface du globe de façon à montrer que les principes de construction obéissent aux contraintes du milieu naturel. Si par la suite on redonne forme, au sens propre du mot, aux habitations, on s'aperçoit que la source de celles-ci est culturelle et non point technique. Ainsi verra-t-on en Afrique un groupe descendre de la montagne vers la plaine tout en conservant ici et là une maison ronde à toit conique ; mais là où, en montagne, sa maison était à murs porteurs, en plaine elle deviendra à ossature.[...]
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Écrit par
- Robert CRESSWELL : directeur de recherche au C.N.R.S.
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