TECTONIQUE
Tectogenèse
La tectogenèse traite de la genèse des structures, se différenciant ainsi de l'orogenèse, qui traite de la genèse des reliefs ; encore que l'une et l'autre soient évidemment liées.
À l'échelle minitectonique et à l'échelle microtectonique, la tectogenèse relève de la mécanique des matériaux ; à l'échelle mégatectonique, elle s'appuie sur des considérations géophysiques. L'ensemble sera traité à l'article tectonophysique. C'est donc à l'échelle tectonique et à l'échelle macrotectonique que se posent les problèmes de tectogenèse sous l'angle purement géologique.
Genèse des tectoniques étagées
Le problème le plus élémentaire est celui de la genèse des tectoniques étagées. Si, dans la superstructure, le style est de revêtement, le problème est celui de mouvements de compression ou d'extension au niveau de la croûte terrestre, voire du manteau supérieur, donc d'une analyse tectonophysique. Le style de couverture peut, en revanche, s'expliquer par des considérations plus locales.
Glissement gravitationnel
La notion de glissement gravitationnel, due à E. Haarmann, consiste à admettre que, sur les pentes d'un bombement de socle, la couverture peut se décoller et glisser sous l'influence de son propre poids (fig. 10). Cette hypothèse séduisante suppose résolues un certain nombre de difficultés : difficulté de décollement (celui-ci doit pouvoir s'observer, sans d'ailleurs que cela suffise car tout autre type de déformation amènerait naturellement une disharmonie entre le socle et la couverture) ; difficulté de pente (celle-ci doit exister au moment du décollement, lequel sera daté par les accidents tectoniques qu'il provoque) ; difficulté de dénudation (la couverture décollée doit dénuder le sommet de la pente qu'elle quitte pour s'accumuler à son pied) ; difficulté de périmètre (partie d'un périmètre déterminé, la couverture décollée prend un périmètre plus grand vers le bas de la pente ; il doit en résulter un étirement axial des accidents, voire des ruptures transversales dans la couverture).
Soit deux exemples généralement choisis : celui de la Provence, dont la structure serait due au glissement de la couverture sur le bombement du massif des Maures (cf. france - Géologie, chap. 7) ; celui de la zone subalpine, dont la tectonique résulterait du glissement sur le flanc du bombement des massifs cristallins externes. Dans l'un et l'autre cas, le décollement, la pente et la dénudation existent, le problème de périmètre restant posé, encore que les « bandes » triasiques de la Provence ou les cicatrices triasiques des Alpes maritimes pourraient être considérées comme l'adaptation de la couverture à un périmètre plus grand. À y regarder de plus près, les choses ne sont cependant pas aussi claires : ainsi, la pente des massifs cristallins externes ou du massif des Maures est postérieure aux accidents tectoniques que le décollement a provoqués ; dans les deux cas, la limite du massif cristallin est sécante par rapport aux accidents tectoniques. De là, on en arrive à ce que les massifs subalpins, comme la Provence calcaire, présentent un style de couverture lié à un décollement observable qui a été repris ensuite par des bombements tardifs dégagés par l'érosion. Rien n'appuie plus la notion de glissement gravitationnel.
Bref, la notion de glissement gravitationnel est une hypothèse séduisante, et qui reste la seule acceptable dans bien des cas, mais qu'on ne parvient pas à démontrer en toute rigueur.
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Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
- Serge BOGDANOFF : assistant à la faculté des sciences d'Orsay
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