RINER TEDDY (1989- )

Le judoka français Teddy Riner, né le 7 avril 1989 aux Abymes (Guadeloupe), écrit l’histoire de son sport depuis 2007 : cette année-là, il devenait à dix-huit ans le plus jeune champion du monde des poids lourds. Depuis lors, il multiplie les succès : en 2015, ce colosse (2,03 m, 140 kg) obtenait son huitième titre mondial, ce qui constitue un record absolu en judo. Licencié au Levallois Sporting club judo, il est aussi un homme d'affaires avisé (immobilier, publicité). Champion charismatique, personnage extraverti, il n'hésite jamais à faire le « show » après ses grandes victoires – une attitude inhabituelle dans un sport où ce type de manifestation spontanée n'est pas l'usage.

Le jeune Teddy Riner, qui a très tôt rejoint la métropole en compagnie de ses parents, s'essaye à divers sports avant de prendre sa première licence de judoka, au Judo club Bolivar, à Paris, en 1995. Là, Alain Perriot, un éducateur hors pair, le façonne, lui apprend les bases techniques tout en insistant en permanence sur la notion de plaisir. En 2005, il vient s'entraîner à l'INSEP, où Serge Dyot lui insuffle l’esprit guerrier, transcendant son côté combatif, alors que Franck Chambily l’incite à travailler encore plus ses qualités naturelles de déplacement, rares chez un combattant de ce gabarit, tandis que Benoît Campargue lui impose la rigueur, sur les tatamis comme dans la vie. Dès 2006, il devient champion d'Europe et du monde chez les juniors. L'année suivante, il est champion du monde, chez les seniors cette fois. Malgré son jeune âge, il fait figure de favori pour les jeux Olympiques de Pékin en 2008. Mais, peut-être noué par la pression, il est battu au troisième tour par l'Ouzbek Abdullo Tangriev. Néanmoins, il remporte ses trois combats de « repêchage » et arrache une médaille de bronze qui le comble. En fin d'année, il obtient un second titre de champion du monde chez les juniors, puis, chez les seniors, il remporte le Championnat du monde « toutes catégories ».

Dès lors, Teddy Riner semble sans concurrence. Il gagne la plupart de ses combats par ippon (les statistiques affichent 80 p. 100 d'ippons), mais il sait aussi se montrer un maître tacticien quand la situation l'exige : ainsi, en finale du Championnat du monde des poids lourds de 2009, il bat le Cubain Oscar Brayson à l'issue d'une confrontation très tactique.

En 2010, les Championnats du monde se déroulent à Tōkyō, et Teddy Riner veut marquer l'histoire du judo, en s'imposant au Japon chez les lourds et en « toutes catégories ». De fait, il remporte un nouveau titre mondial dans la catégorie des poids lourds. Mais, dans la compétition « toutes catégories », il est battu en finale, sur décision des juges, par le Japonais Daiki Kamikawa : Teddy Riner connaît sa première défaite depuis quarante-quatre combats ; en pleurs, il peste contre ce verdict il est vrai très contestable.

En 2011, lors des Championnats du monde de Paris où l'équipe de France est en réussite (4 médailles d'or), il enflamme le Palais omnisport de Paris-Bercy : il remporte ses six combats par ippon, utilisant à chaque fois une technique différente. Le public a assisté à une incroyable démonstration, dans une ambiance de concert, le rap de son ami Soprano rythmant chacune de ses victoires. Le lendemain, avec ses partenaires, il gagne la compétition par équipes.

Le 3 août 2012, Teddy Riner entre définitivement dans l’histoire du sport en obtenant le titre olympique aux Jeux de Londres. Ce jour-là, tous ses adversaires semblent tétanisés quand ils affrontent le colosse guadeloupéen. Aussi, bien que des centaines de supporters massés dans l’ExCel Arena le soutiennent bruyamment, Teddy Riner se contient, ne se lance pas dans le « judo-champagne » qu’il affectionne. Il remporte certes deux combats par [...]