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TÉLÉCOMMUNICATIONS Histoire

La transmission à distance des images fixes

Les télégrammes « autographiques »

Les études sur la transmission à distance d'images fixes ont commencé vers 1850, dès les premiers temps du télégraphe. Ce furent d'abord des essais de transmission de télégrammes « autographiques » sur les lignes. Dans le premier équipement véritablement exploité, le pantélégraphe mis au point par l'Italien Caselli, le document original se présentait sous la forme d'une feuille métallique portant dessins et lettres inscrits avec une encre isolante, enroulée sur un tambour. Un stylet fixé à un pendule actionnant un mécanisme d'horlogerie explorait ligne par ligne la feuille : le courant électrique était interrompu à chaque fois que le stylet passait sur une partie encrée. Le récepteur comportait une feuille de papier imprégnée d'une solution chimique enroulée de même sur un tambour et sur lequel se déplaçait un autre stylet actionné également par un pendule oscillant en synchronisme avec celui de l'émetteur. Le courant circulant dans la ligne entraînait un bleuissement de la feuille sous le stylet sauf quand il était interrompu. On pouvait reconstituer de la sorte à l'arrivée une image en blanc sur fond bleu. La synchronisation des pendules était obtenue par l'envoi périodique d'une impulsion de courant sur la ligne. Une variante d'un tel système (images en bleu sur fond blanc) fut effectivement exploitée entre Paris, Lyon et Marseille à partir de 1866.

La transmission des images

Ce premier dispositif fonctionnait en « tout ou rien » comme la télégraphie. Il ne pouvait transmettre que des images au trait, c'est-à-dire ne comportant que du noir et du blanc. La transmission de photographies nécessitait qu'on arrive aussi à coder, transmettre et restituer des nuances de gris. C'est à l'Allemand Arthur Korn (1870-1945) que revient le mérite d'avoir réussi la première transmission d'une photographie par télégraphie entre Munich et Nuremberg en 1904. La photographie, fixée sur un cylindre tournant, était explorée par transparence, ligne par ligne ; la lumière recueillie était convertie en courant électrique par une cellule au sélénium (dont les propriétés photoélectriques ont été découvertes en 1817 par le physicien suédois Jöns Jacob Berzelius). À l'arrivée, les variations de courant agissaient sur une lampe au néon dont les modulations d'intensité lumineuse s'imprimaient ligne par ligne sur une surface photosensible également fixée sur un cylindre et tournant en synchronisme avec celui de l'émetteur. En 1907, Korn réussit à transmettre des images de Nuremberg à Berlin puis de là à Paris et Londres. Mais son système était lent, les images étaient de faible définition et donc peu exploitables. Il n'eut pas vraiment de succès, en dehors de l'Allemagne.

Pendant ce temps, le Français Édouard Belin (1876-1963) réussit également la transmission d'images sur les lignes du télégraphe selon un autre procédé mettant à profit la différence d'épaisseur de la couche de gélatine du clair au noir dans une photographie. Il réalisa l'exploration de l'image avec un stylet, un peu à la manière de l'aiguille d'un pick-up lisant un disque audio, ce qui fournissait un courant analogique variable, image des intensités de noir rencontrées par le stylet sur son trajet. À l'arrivée le courant actionnait le miroir d'un galvanomètre qui déviait un pinceau lumineux dans une lame de verre teinté, d'épaisseur variable. Cela modulait l'intensité lumineuse du spot qui impressionnait une plaque photographique au rythme d'exploration de l'émetteur. Ce système fut expérimenté avec succès sur une ligne télégraphique en boucle de 1 700 kilomètres en 1907.

En 1913, Belin conçut une version[...]

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Médias

Télégraphe optique : premiers essais - crédits : AKG-images

Télégraphe optique : premiers essais

Claude Chappe - crédits : Eirik Irgens Johnsen/ Museum of Cultural History of Oslo, Norway ; CC BY-SA 4.0

Claude Chappe

Télévision, 1935 - crédits : AKG-images

Télévision, 1935

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