TÉLÉOSTÉENS ET HOLOSTÉENS
Le groupe des Téléostéens, par sa diversité morphologique, biologique, écologique, représente un remarquable succès évolutif. Avec environ vingt-cinq mille espèces, non seulement il est le groupe de Poissons de beaucoup le plus nombreux, mais, en outre, il compte à peu près autant d'espèces que tous les autres Vertébrés réunis. On trouve des Téléostéens dans tous les milieux aquatiques, marins ou dulçaquicoles, dans les zones abyssales comme dans les torrents de montagnes, sous les tropiques comme dans les régions polaires. Plusieurs espèces, sans être véritablement terrestres, sont capables de quitter, pour un temps, le milieu aquatique et de se déplacer sur la terre ferme.
La grande diversité du groupe rend difficile une définition qui englobe toutes les formes connues. Il faut situer les Téléostéens parmi les autres Actinoptérygiens, et en particulier par rapport aux formes fossiles et actuelles autrefois classées dans le groupe des Holostéens, ensemble artificiel qui n'a aucune valeur phylétique. Les premiers Téléostéens sont connus dans le Trias moyen.
Parmi les caractères morphologiques importants, on retiendra seulement :
– la réduction des écailles ganoïdes qui perdent le revêtement d'émail (ganoïne) et se réduisent à une mince lame d'os généralement acellulaire (écailles élasmoïdes) ;
– un enfoncement des os dermiques du crâne, l'apparition d'un grand os impair, le supraoccipital qui sépare les pariétaux, la modification de la région occipitale, du fait de son invasion par une musculature d'origine troncale.
– un squelette caudal compact comportant des arcs hémaux modifiés et élargis, les hypuraux, et des éléments dermiques (écailles modifiées) dorsaux, les urodermaux. Beaucoup de spécialistes considèrent la structure de la nageoire caudale comme le meilleur caractère diagnostique des Téléostéens. Le caractère monophylétique de ces derniers a ainsi pu être reconnu.
Forme et taille
La forme générale des Téléostéens est extraordinairement variée, comme on le verra plus loin à propos de la classification. Si la morphologie typiquement pisciforme est très répandue (Hareng, Truite, Thon, Cyprin), elle peut se modifier énormément par allongement, raccourcissement, aplatissement latéral ou dorso-ventral, élévation du corps... Les modifications des diverses nageoires par extension, réduction ou disparition peuvent changer la silhouette du poisson (cf. chap. 6).
Les variations de taille sont également considérables. Parmi les plus petits poissons – qui sont aussi les plus petits Vertébrés – se placent beaucoup de Cyprinodontidés qui n'atteignent pas (du moins le mâle) 2 centimètres. Le record est sans doute détenu par deux Gobiidés des Philippines : Mystichthys, d'eau douce, mesure à peine plus de 1 centimètre et Pandaka, marin, est légèrement plus petit.
À l'opposé, parmi les géants, plusieurs espèces de Téléostéens (Thon, Silure glane, Tarpon, Flétan) dépassent 2 mètres de longueur. Arapaima, du Brésil, peut avoir 5 mètres (et peser 200 kg). Le Régalec, poisson marin assez rare, atteint cette taille mais, du fait de sa forme rubanée, son poids est beaucoup moins considérable. On connaît un fossile crétacé, l'Ostéoglossiforme Xiphactinus, qui atteignait lui aussi 5 mètres. Dans tous ces cas, on reste loin des Requins géants, pèlerin (9 m et 4 t) ou requin baleine (18 m et 8 t). La taille de la plupart des Téléostéens est modeste et se situe entre 15 et 30 centimètres.
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Écrit par
- Yves FRANÇOIS : ancien professeur à la faculté des sciences, université de Paris-VII
- Pierre-Antoine SAINT-ANDRÉ : paléontologue
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