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TÉLÉVISION Nouvelles télévisions

La télévision à péage

L' idée d'un service de télévision payant est relativement ancienne, mais sa mise en œuvre a été retardée par des obstacles de nature diverse. Rendre payante l'utilisation de la ressource naturelle (les bandes de fréquences radioélectriques) suscitait la réticence des autorités concernées, et la démarche la plus simple était l'implantation de canaux payants sur les réseaux de câbles, à l'audience nécessairement limitée. Cependant, l'évolution de la réflexion sur ce sujet ainsi que sur l'économie de la télévision, en relation avec le progrès des techniques du fait notamment de la généralisation des traitements numériques à bas prix, a fait de la télévision à péage un sujet de premier plan. En France, la première chaîne à péage à diffusion hertzienne nationale a été Canal Plus, qui a vu le jour en 1984.

Quel que soit le support (hertzien, câble ou satellite), le message est « embrouillé » de telle sorte que, pour le rendre visible, il est nécessaire de fournir au désembrouilleur (de structure non secrète) des indications dont la détention est assujettie à un paiement tout en étant difficile tant à contrefaire qu'à communiquer. Le désembrouillage est la fonction essentielle effectuée par le décodeur. L'embrouillage doit être effectué de telle sorte que l'image embrouillée soit inutilisable, que l'image désembrouillée ne soit pas dégradée et que le désembrouillage s'effectue à bas prix, le décryptage (désembrouillage non autorisé) étant trop difficile, trop long ou trop cher pour présenter un intérêt par rapport au décodage payant. L'essor de la télévision numérique, par satellite et par câble, a été l'occasion de formaliser l'ensemble du système de télévision à péage, qui est d'ailleurs applicable non seulement à toutes les autres composantes du programme (sons, données...) mais à la protection de données hors de tout contexte télévisuel.

L' embrouillage est effectué par un traitement numérique : les bits d'information sont rapprochés de ceux d'une séquence aléatoire de même débit et inversés ou non suivant que le bit de la séquence aléatoire est 1 ou 0. Pour désembrouiller, il suffit de refaire l'opération avec la même séquence : les bits déjà inversés le sont à nouveau et l'information d'origine est restituée. Pour pouvoir restituer au désembrouillage la même séquence qu'à l'embrouillage, la séquence est en fait « pseudo-aléatoire », c'est-à-dire que, tout en ayant les propriétés statistiques d'une séquence aléatoire, elle est générée de façon causale par connaissance d'un « mot de contrôle » de longueur beaucoup plus réduite. On est ramené au problème de la transmission sélective et protégée de ce mot de contrôle, qui peut, par exemple, couramment avoir 64 bits et changer toutes les 10 secondes (rendant de ce fait impraticable une attaque « frontale » consistant à essayer toutes les combinaisons possibles).

Cette transmission protégée du mot de contrôle utilise deux niveaux d'information. Chaque programme est accompagné d'un flux d'information (premier niveau) qui contient notamment (avec une légère avance) la suite des mots de contrôle chiffrés. Ces mots ne peuvent être déchiffrés qu'au moyen d'une clé générée dans le décodeur après comparaison des droits de ce décodeur par rapport aux caractéristiques du programme. La distribution des droits des décodeurs fait l'objet d'un second niveau de flux d'information, chaque décodeur (ou groupe de décodeurs défini par le gestionnaire) recevant un message personnalisé contenant ses droits. Ces derniers sont remis à jour régulièrement suivant l'évolution de la souscription de l'abonné. Ce second niveau d'information est bien entendu chiffré et n'est déchiffrable que par le décodeur[...]

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