AMARNA TELL EL-
Sous le nom d'Amarna ou Tell el-Amarna, on désigne le site de Moyenne Égypte où le pharaon de la XVIIIe dynastie (xive s. av. J.-C.) Aménophis IV-Akhénaton choisit d'édifier sa nouvelle capitale pour prendre ses distances avec Thèbes et pour fournir un cadre approprié au culte, plus ou moins exclusif, du dieu solaire Aton qu'il tenta d'imposer au pays. Par extension le terme « amarnien » peut également s'appliquer à tout ce qui touche à ce règne peu banal dans l'histoire égyptienne et en particulier à l'art et aux idées nouvelles en vigueur à cette époque.
La ville d'Amarna, bien que très ruinée, constitue un cas exceptionnel dans l' archéologie égyptienne, tant par son caractère éphémère que par son importance historique et la richesse des informations de toute sorte qu'elle peut apporter. À côté des tombes et des temples, on trouve aussi là une ville proprement dite avec des palais, des résidences de notables, des maisons plus modestes, un quartier ouvrier, des rues, tout un vaste ensemble dont la fouille progressive permet de mieux appréhender l'urbanisme pharaonique dont les trop rares témoignages n'ont encore intéressé que peu de spécialistes. Des recherches archéologiques de plus ou moins grande envergure ont en effet lieu depuis plus d'un siècle sur ce site ; si elles ont d'abord permis de mettre en valeur les aspects exceptionnels de ce qu'il est convenu d'appeler « l'aventure amarnienne », elles donnent lieu également, désormais, à d'autres approches, tout aussi stimulantes et fécondes, sans verser pour autant dans le sensationnel, voire le romanesque, que suscite trop souvent cette période.
Le site d'Amarna
Amarna est situé en face de la ville antique d'Hermopolis magna, non loin de la ville moderne de Mellawī. Le nom erroné, mais entré dans l'usage, de Tell el-Amarna est le fruit de la déformation des noms d'un village actuel, el-Till, et d'une tribu arabe installée là anciennement, les Beni Amran. Localisé sur la rive est du Nil, le site est remarquable et d'une grande beauté. Il consiste en une vaste étendue (10 km × 5 km) limitée à l'ouest par le Nil et à l'est par la chaîne arabique qui forme à cet endroit comme un cirque. C'est dans ce paysage presque clos et somme toute vierge qu'Akhénaton, accompagné de la reine Néfertiti, décida de bâtir la nouvelle capitale dédiée au dieu Aton et baptisée Akhetaton (« Horizon d'Aton »), le territoire symétrique situé sur la rive gauche constituant une sorte d'arrière-pays pour la nouvelle cité. La décision et sa mise en application datent de l'an 4 ou 5 du règne ; la construction de la ville dut se faire très rapidement, mais en un sens elle ne fut jamais complètement terminée et il faut imaginer qu'Amarna resta plus ou moins un chantier permanent.
Les limites de la ville et de son territoire, ainsi que les circonstances de la fondation, sont fixées par des stèles-frontière de grande taille, accompagnées de statues, qui furent taillées à même le rocher. Elles sont au nombre de trois sur la rive gauche et de onze du côté d'Amarna proprement dit. Elles se dégradent mais certaines sont encore assez bien conservées et leurs représentations (la famille royale adorant Aton) et leurs textes constituent des témoignages précieux ; les inscriptions surtout, du fait que leur langue comme leur phraséologie sont caractéristiques de cette période et des bouleversements qu'elle suscita.
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Écrit par
- Alain-Pierre ZIVIE : directeur de recherche au C.N.R.S., chef de la mission archéologique française du Bubasteion (Saqqarah)
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