TEMPEST PROJECT (mise en scène P. Brook et M.-H. Estienne)
L’essence du théâtre
La version première de TempestProject, associée à la présence de Brook pour témoigner des Résonances, fut ensuite convertie en spectacle autonome. L’essentiel était conservé malgré quelques changements de distribution qui ont accentué la place d’Ariel devenu tout puissant ou ont souligné l’humanité de Prospero. Les outils sont les mêmes, simples, à la portée de la main, mais cette fois-ci s’ajoute une musique céleste splendide, tandis que les costumes restent poétiquement suspendus comme des traces du récit vivant que les acteurs ont incarné.
Ici, la fin se murmure et se dit à travers un vocabulaire connu mais réduit à l’essentiel, repris et décliné une ultime fois. Sans pose, ni rhétorique ! La présence de blanc qui domine le plateau apporte une poésie secrète animée par les jeux enfantins auxquels se livrent les comédiens. Et c’est émouvant de les voir au bord du plateau en train de feuilleter un livre qu’ils déposent à la fin… Le théâtre est bien un voyage d’un texte mythique à une expérience ludique.
Ce spectacle tremblé, qui est aussi un adieu, porte l’empreinte de Brook grâce à la pureté du plateau et à l’hétérogénéité des acteurs, aux mots qui s’égrènent avec tendresse et aux sourires qui surgissent, enfin à la sérénité qu’il engendre.
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Écrit par
- Georges BANU : critique de théâtre, professeur émérite à l'université Paris Sorbonne
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