NUBIE TEMPLES DE
Le sud de la première cataracte. Abou Simbel
Philae, l'île sainte d'Isis, ensevelie sous les eaux depuis la construction du premier barrage d'Assouan au début du xxe siècle, est désormais en aval du nouveau haut barrage ; mais les variations du niveau des eaux ont nécessité le déplacement de ses monuments, qui ont été démontés et transférés sur l'îlot réaménagé d'Aglika, à 300 mètres au nord. Le principal édifice est le temple dédié à Isis. Son pylône élevé est précédé de deux lions de granit et de deux colonnades. En arrière se trouve un mammisi (temple de la naissance) avec de beaux piliers hathoriques. À proximité subsistent les ruines d'un temple d'Hathor décoré de scènes de musique et le charmant kiosque de Trajan, resté inachevé.
Beit el-Ouali était un tout petit spéos creusé dans la falaise à l'époque de Ramsès II. Précédée d'une cour ouverte aux murailles sculptées de scènes de victoires sur les peuples d'Asie et d'Afrique, la partie souterraine comprenait un vestibule et le sanctuaire.
Le temple de Kalabsha a été démonté de son site d'origine, à une cinquantaine de kilomètres au sud d'Assouan, et reconstruit près du haut barrage. Consacré au dieu nubien Mandoulis, le temple proprement dit, long de 71,60 mètres et large de 35,50 mètres, comporte les éléments « classiques » d'un temple pharaonique : un pylône massif, une cour spacieuse, une salle hypostyle ou pronaos et une suite de chambres décorées de reliefs, parmi lesquelles se trouve le saint des saints. On y lit les noms d'Ergamène, Ptolémée IX et Auguste.
Dakka était un temple consacré à Thot. Il comportait des blocs de remplois du Moyen et du Nouvel Empire, mais dans son état actuel il a été commencé sous les Ptolémées par le roi méroïtique Ergamène. Auguste y fit des adjonctions.
Ouadi es-Seboua, la « vallée des lions », doit son nom au dromos (allée) de sphinx qui le précède. Il était consacré à Amon-Rê et Rê-Harmakhis. Cet hémi-spéos comprenait une cour précédée d'un pylône ; la partie creusée dans la montagne comportait un vestibule à piliers et une antichambre menant à plusieurs sanctuaires.
Amada, temple de plan très homogène, aux sculptures très fines, fut érigé par Thoutmosis III et Aménophis II en l'honneur d'Amon-Rê et de Rê-Horakhty. Il comportait à l'origine trois sanctuaires parallèles auxquels donnait accès une chambre transversale précédée d'un portique à colonnes crénelées ; Thoutmosis IV y ajouta une salle hypostyle de douze piliers avec murs d'entrecolonnement ; Séti Ier construisit le pylône. Le temple d'Amada a été déplacé d'un seul tenant sur une distance de près de trois kilomètres et une hauteur de près de soixante-cinq mètres. Derr, qui fait face au temple d'Amada, fut dédié à Rê-Horakhty par Ramsès II.
L'ensemble grandiose d'Abou Simbel magnifiait le pouvoir de Pharaon face aux peuples sur lesquels, loin vers le sud, l'Égypte affirmait sa suprématie. De part et d'autre d'une grande coulée de sable fauve se dressaient, dans une sorte de dialogue éternel, d'un côté le grand temple du roi dédié à Amon-Rê, Rê-Horakhty, Ptah et à l'image du roi lui-même divinisé, et de l'autre côté le temple féminin : « Nefertari, pour qui se lève le dieu soleil », dédié à la déesse Hathor.
Au prix de travaux gigantesques, financés par un appel à la conscience universelle, les deux temples ont été démontés et découpés, pour être reconstruits au sommet de la falaise, le long d'une énorme montagne artificiellement édifiée.
La façade du temple du roi, taillée directement dans le flanc de la falaise, reproduit la forme d'un pylône ; on a même figuré l'habituel tore d'angle. En avant s'imposent quatre statues[...]
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Écrit par
- Jean LECLANT : secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
Classification
Médias
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