TEMPLIERS
Histoire du Temple
L'histoire du Temple se confond avec celle des croisades en Terre sainte et avec celle de la Reconquête dans la péninsule Ibérique. On peut y voir la cause de la popularité dont l'ordre jouit dès les origines. La milice ne se concentra pas uniquement en Palestine. En 1131, Alfonso le Batailleur, roi d'Aragon, cède une partie de son royaume aux Templiers, qui eurent la sagesse de la refuser peu de temps après sa mort. Tout en étant un ordre militaire, le Temple accomplit, dans les pays qui n'étaient pas le théâtre de combats contre les infidèles, une œuvre civilisatrice importante en défrichant et en aménageant de vastes domaines à l'égal de l'ordre de Cîteaux. Souverain par son maître représentant le chapitre général, lequel était la personne morale de tout l'ordre, le Temple acquit une richesse immense et un pouvoir synarchique qui lui suscitèrent des ennemis implacables et qui furent à l'origine de sa perte. Aucun prince souverain ne possédait autant de richesses. Le Temple était devenu le banquier des papes et des rois. L'histoire de l'ordre reste cependant une véritable épopée, et sa valeur militaire est attestée par divers combats au Moyen-Orient (Ascalon, Ansur, Gaza, Daroum, Ramlah, Damiette, Alep et Mansourah) et par la participation des chevaliers au manteau blanc à croix rouge dans toutes les grandes batailles de la péninsule Ibérique : Las Navas de Tolosa, la conquête de Majorque, Badajoz, Cáceres, Alarcos, Salvatierra.
Cinq réformes furent opérées dans le Temple, réformes qui aboutirent à un durcissement des statuts et des retrais (articles des statuts traitant spécialement de la juridiction et des fonctions des Templiers). Nicolas IV et Clément IV promulguèrent de nombreuses bulles de confirmation de privilèges, à l'exemple de leurs prédécesseurs, tandis que Martin IV essaya d'unir, sous l'impulsion de Raymond de Lille (l'un des deux templiers qui devaient être canonisés par la suite), les Templiers et les Hospitaliers. Cette première tentative échoua. Boniface VIII ayant repris ce projet, ce fut alors le grand maître Jacques de Molay qui refusa.
La chute de l'Empire latin d' Orient en 1291 précipita les événements, et, lorsque Saint-Jean-d'Acre tomba aux mains des musulmans le 16 juin 1291, il ne restait plus que dix-huit templiers et seize hospitaliers. Au lieu de déployer leur vaillance dans la péninsule Ibérique, les templiers se concentrèrent en France où ils n'avaient pas de raison d'être ; les jugeant trop encombrants et ayant besoin d'argent, Philippe le Bel décida de les faire supprimer ; l'entrée dans l'ordre lui avait été, en effet, refusée.
Le vendredi 13 octobre 1307, à l'aube, tous les templiers de France furent arrêtés et jetés en prison. Le roi prit aussitôt possession de la tour du Temple où se trouvaient le trésor et les livres de comptes. Les cent quarante templiers de Paris subirent les pires tortures de la part des inquisiteurs dominicains, qui usèrent de tous les moyens en leur pouvoir (ruse, mensonge, chevalet, bûcher). Cent trente-sept d'entre eux avouèrent des ignominies incroyables ; mais, par la suite, plusieurs se rétractèrent. L'Angleterre, l'Espagne, le Portugal, l'Allemagne, l'Écosse reconnurent l'innocence du Temple et de ses membres. De son côté, le pape Clément V, faible et lâche, circonvenu par Philippe le Bel, fit lire à l'ouverture de la deuxième session du concile de Vienne, le 3 avril 1312, la bulle Vox clamantis qui portait la suppression par provision de l'ordre en attendant le jugement définitif d'un prochain concile ; celui-ci ne devait jamais se réunir. Il fut décidé qu'en attendant la réunion d'une assemblée tous ceux qui porteraient le costume et continueraient à se faire appeler templiers seraient excommuniés. Le soir[...]
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Écrit par
- Laurent DAILLIEZ : docteur en histoire, diplômé de l'École pratique des hautes études (IVe section)
Classification
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