TEMPLIERS
Vie conventuelle, costume
La règle donne de nombreux détails sur la vie conventuelle. Les devoirs religieux se bornaient à l'assistance aux offices dits par les frères chapelains et à la récitation pendant les heures canoniales d'un certain nombre de patenôtres. Les jeûnes étaient rigoureux : ils étaient observés tous les vendredis de la Toussaint à Pâques et la veille des grandes fêtes. L'usage du maigre était ordonné quatre fois par semaine. Les frères mangeaient dans le palais – nom donné au réfectoire – à deux par écuelle ; les restes étaient distribués aux pauvres.
Le code disciplinaire était rude et exposait en dix parties les diverses peines encourues : l'exclusion, ou perte de la maison, était appliquée en cas de simonie, révélation des choses du chapitre, meurtre d'un chrétien, larcin, évasion d'une maison, complot, trahison, désertion, sodomie et mensonge lors de la réception d'un frère ; la privation du port de l'habit pour un an et un jour sanctionnait le refus d'obéissance en cas de bataille avec un frère, blessure, compagnie de femmes, émission contre un frère d'accusations calomnieuses, etc. Il y avait encore la perte de l'habit pour trois jours avec jeûne ; le jeûne de deux jours à terre ; le jeûne pendant un jour ; la discipline en communauté ; la mise en répit, c'est-à-dire en quelque sorte en pénitence en attendant qu'une décision soit prise ; la remise du fautif au frère chapelain ; le relaxe ; l'emprisonnement.
Le trousseau pour la vie conventuelle comprenait : deux chemises, deux paires de chausses, deux braies, un justaucorps, une pelisse, deux manteaux dont un avec fourrure pour l'hiver, une chape, une tunique et une ceinture.
Les frères sergents étaient vêtus comme les chevaliers, cependant les étoffes étaient plus grossières et la couleur du manteau différente : blanc pour les chevaliers, noir pour les chapelains, les sergents et les écuyers. La croix rouge de l'Ordre, donnée par le pape Eugène III en 1146, était appliquée sans distinction sur tous les manteaux.
Les frères couchaient avec leurs vêtements de dessous sur un sac ou paillasse. Ils avaient droit à un linceul, ou drap, ainsi qu'à deux couvertures : une étamine et une carpite. La tenue de campagne comportait un haubert et des chausses de fer, un heaume, des espalières, des souliers d'armer, un jupon d'armer. L'armement se composait d'un écu en bois recouvert de cuir, d'une épée, d'une lance, d'une masse turque et d'un couteau d'arme. Deux sacs servaient à porter tout cet équipement. Aucune arme ni aucun écu ne devait être peint ou fourbi.
L'ordre du Temple fut supprimé mais non condamné. Il fut injustement anéanti. La bulle de Clément V abolissait l'ordre sous l'influence de Philippe le Bel, qui ne pardonnait aux frères du Temple ni leur richesse ni surtout d'avoir participé contre lui à la bataille de Courtrai en 1302. Après le concile de Vienne, les templiers se retirèrent dans diverses maisons religieuses ou dans l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, comme le signalent de nombreux actes.
Dans la péninsule Ibérique, deux ordres succédèrent de plein droit aux Templiers, l' ordre de Notre-Dame de Montesa et l'ordre du Christ. Au xviie siècle et surtout au xviiie, certaines observances maçonniques prétendirent avoir une filiation avec les Templiers. Sortirent alors plusieurs chronologies de grands maîtres, qui se révélèrent sans fondement. Au début du xixe siècle apparut un mouvement se réclamant du Temple, d'inspiration plus folklorique que spirituelle, avec Raymond-Bernard Fabré-Palaprat. Après plusieurs luttes intestines, les néo-templiers disparurent eux aussi. Vers 1936, quatre commissaires de police belges créèrent une nouvelle milice du Temple, complétant la généalogie des[...]
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Écrit par
- Laurent DAILLIEZ : docteur en histoire, diplômé de l'École pratique des hautes études (IVe section)
Classification
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