Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TEMPS / MÉMOIRE (notions de base)

La conscience du temps

Incapable de trouver dans aucune des trois dimensions du temps une quelconque réalité, une première conclusion s’impose à Augustin : ce n’est que par un acte de la conscience que le temps peut exister. On s’exprimerait fort mal en évoquant le passé, le présent et l’avenir. Ce qu’on devrait affirmer, c’est qu’il existe trois dimensions, qui sont « le passé-présent », « le présent-présent », et « l’avenir-présent ». Notre conscience « présentifie » les moments du temps par un acte qui les arrache au néant.

« Le présent des choses passées, c’est la mémoire ; le présent des choses présentes, c’est l’attention ; le présent des choses futures, c’est l’attente » (Confessions, livre XI, xx). Pour illustrer sa thèse, Augustin développe une image reprise après lui par tous les philosophes qui aborderont la question du temps : l’image de la musique. Quand je m’apprête à chanter un morceau que je connais, je suis au départ tout entier dans l’attente du chant qui va suivre. Au cours de mon chant, mon esprit se livre à une triple opération : d’un côté il est attentif à ce que je suis en train d’interpréter, d’un autre côté il se souvient des strophes que j’ai déjà chantées (c’est le travail de la mémoire) et, enfin, d’un troisième côté, il est dans l’attente de ce qui reste à interpréter. Quand j’ai fini de chanter, il n’y a plus ni attente ni attention. Seule ma mémoire contient le « passé-présent » de ce que j’ai chanté, lequel, sans cette mémoire, aurait sombré entièrement dans le néant.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires

Classification