TEMPS / MÉMOIRE (notions de base)
L’expérience du temps
Ce que Bergson dénomme le « temps de l’horloge » est discontinu, et de ce fait infiniment divisible. Les astrophysiciens décrivaient il y a plus de quarante ans Les Trois Premières Minutes de l’Univers (titre d’un ouvrage publié en 1976 par le théoricien américain Steven Weinberg) ; ils ont depuis mis en équations les premiers milliardièmes de seconde ayant suivi le big bang. À l’inverse, la « durée » vécue par la conscience est continue, homogène, indécomposable. Elle n’est pas « un instant qui remplace un instant », mais bien cette dimension intime au sein de laquelle s’inscrit la totalité de notre vécu. Elle est « le progrès continu du passé qui ronge l’avenir et qui gonfle en avançant » (Bergson, L’Évolution créatrice, 1907). Telle une boule de neige qui ne cesse de grossir en roulant le long d’une pente sans perdre la moindre parcelle de ce qu’elle a amassé au cours de sa descente, notre durée, inséparable de notre mémoire pure, accumule un passé qui « nous suit à chaque instant : tout ce que nous avons senti, pensé, voulu, depuis notre première enfance est là, penché sur le présent qui va s’y joindre, pressant contre la porte de la conscience qui voudrait le laisser dehors » (ibidem).
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Écrit par
- Philippe GRANAROLO : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires
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