TENJI-TENNŌ (626-671) empereur du Japon (661-671)
Le prince Nakanoōe (futur empereur Tenji, ou Tenchi), fils de l'empereur Jomei (règne 629-641) et d'une princesse impériale qui a régné à la suite de son époux sous le nom de Kōgyoku-tennō (règne 642-645), est, avec Nakatomi no Kamatari, l'ancêtre de la maison Fujiwara, l'auteur du coup d'État qui aboutit à l'élimination des Soga, accusés à mots couverts d'avoir envisagé une usurpation. Cependant, Nakanoōe ne monte pas sur le trône à la place de sa mère, obligée d'abdiquer à la suite des événements sanglants de 645 ; il intronise son oncle, Kōtoku-tennō (règne 645-654), puis, à la mort de celui-ci, fait régner une deuxième fois sa mère, cette fois sous le nom de Saimei-tennō (règne 655-661) ; lui-même, n'étant toujours que prince héritier, a les mains plus libres. Quoiqu'il soit difficile de mesurer son influence réelle, on considère généralement qu'il soutient ou même inspire les mesures dites de la Grande Réforme (Taika), mais les circonstances intérieures (luttes de factions à la cour) et extérieures ne lui laissent sans doute pas le temps de pousser vigoureusement leur application. En effet, la Corée, jusque-là divisée en trois royaumes, est en butte aux attaques des Tang, qui détruisent Kokuri (Koguryǒ) ainsi que Kudara (Paiktche), permettant à Shiragi (Silla) d'unifier la péninsule. Kudara, vieil allié du Japon, sollicite son aide en 660. Le corps expéditionnaire japonais est vaincu en 663 et, pendant quelques années, la cour s'emploie à préparer la défense du pays. Est-ce à cause de ces inquiétudes que Nakanoōe — quoique sa mère, impératrice en titre, soit morte en 661 — attend jusqu'en 668 pour célébrer son intronisation ? Il installe sa capitale à Ōtsu, sur le lac Biwa, abandonnant Naniwa et le bassin de Nara familiers à ses ancêtres. Tenji-tennō (c'est le nom honorifique de règne de Nakanoōe) laissera une succession difficile, car il favorise son fils, le prince Ōtomo, qu'il a eu d'une femme d'assez basse naissance, au détriment de son frère Ōama. Dès que Tenji est mort, la cour se divise, des troubles éclatent entre les partisans de chacun des candidats. Après les quelques mois de règne d'Ōtomo en 672 (il ne reçut qu'a posteriori, en 1870, le nom honorifique de Kōbun-tennō), le vainqueur fut le frère de Tenji, qui régna, de 673 à 686, sous le nom de Temmu-tennō et continua son œuvre, en marquant cependant un plus grand souci de protéger le bouddhisme.
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Écrit par
- Francine HÉRAIL : maître assistant à l'Institut national des langues et civilisations orientales, professeur délégué
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