TEOTIHUACAN, CITÉ DES DIEUX (exposition)
Teotihuacán signifie, en langue nahuatl, « la cité où les hommes se transforment en dieux ». C'est le nom que les Aztèques donnèrent à cette ancienne métropole, qu'ils n'ont jamais occupée puisque près de huit siècles s'écoulèrent entre sa chute et la fondation de la capitale aztèque, Tenochtitlán.
L'exposition Teotihuacán, cité des dieux, présentée au musée du quai Branly à Paris du 6 octobre 2009 au 24 janvier 2010, offre une vision synthétique de l'entité qui domina le Mexique central depuis 150 av. J.-C. jusque vers 550 de notre ère. Le visiteur européen a, pour la première fois, l'opportunité de se promener le long des 700 ans d'histoire de la première ville mésoaméricaine. Soigneusement choisies dans 11 musées mexicains et 3 européens, la plupart des 450 pièces n'avaient jamais été exposées auparavant puisque, à l'instar des offrandes de la Pyramide de la Lune révélées lors des fouilles menées de 1998 à 2004, elles proviennent de découvertes récentes, fruit du travail de nombreux chercheurs mexicains et internationaux pendant les vingt-cinq dernières années. Cette intense activité scientifique a profondément renouvelé nos connaissances, comme le soulignent de nombreux articles du catalogue.
Conçue par Felipe Solís de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire du Mexique, l'exposition Teotihuacán, cité des dieux fut présentée d'abord à Monterrey, ville industrielle du nord du Mexique (septembre 2008-janvier 2009), puis à Mexico (mai-août 2009). Après Paris, elle sera montrée au Rietberg Museum de Zurich, puis au Martin-Gropius-Bau de Berlin.
Le Jaguar de Xalla, une sculpture composite polychrome récemment découverte, accueille le visiteur dont le parcours s'organise autour des aspects publics de la cité tels qu'ils s'expriment à travers l'architecture, la politique et la religion, sans négliger les manifestations de la vie à l'intérieur des palais et des ateliers. En introduction, un tableau chronologique situe Teotihuacán dans le temps et permet de faire la corrélation entre les grandes dates du monde occidental et celles qui ont marqué les civilisations mésoaméricaines. Un multimédia retrace les moments importants de la ville : l'édification de la Pyramide du Soleil, les étapes de construction de la Pyramide de la Lune, la canalisation de la rivière San Juan.
Point fort de l'exposition, une imposante maquette reproduisant l'Allée des morts, l'axe central de la ville bordé par des ensembles palatiaux et les grandes pyramides érigées en fonction de critères astronomiques précis, fournit une vision globale de sa trame orthogonale. En contrepoint, des maquettes en pierre de temples, des acrotères de formes diverses qui couronnaient les toits des édifices permettent de mieux appréhender l'expression artistique de la cité. Attirent particulièrement l'attention deux têtes monumentales du Serpent à plumes, représentation du dieu Quetzalcóatl, encastrées par un long tenon dans les parois de la pyramide du même nom.
La vie politique de Teotihuacán est illustrée par des symboles du pouvoir comme les sceptres en bois et les trônes des dirigeants. Mais c'est surtout l'existence d'une puissante caste militaire, longtemps méconnue, qui se trouve attestée par les nombreuses figurines de guerriers, les armes et leurs animaux associés (jaguar, coyote, oiseau) représentés principalement dans des fresques polychromes. La richesse du panthéon de Teotihuacán et sa vie religieuse, rythmée de sacrifices humains, se manifestent à travers les nombreuses sculptures et figurines de dieux. Parmi les divinités le plus souvent représentées : Xipe Totec, vêtu de la peau d'un sacrifié pour symboliser le renouveau végétal ; Tláloc, dieu de l'orage, à signification agricole et guerrière[...]
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Écrit par
- Rosario ACOSTA NIEVA : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
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