TEOTIHUACÁN
La fin d'une cité
Un peu avant 600 de notre ère, la population de Teotihuacán tombe à moins de trente mille personnes et son influence, étendue jadis à toute la Méso-Amérique, se réduit au seul bassin de Mexico. Cette régression culmine avec la destruction de la ville, brûlée et ravagée de façon intentionnelle, comme l’illustre une statuette de Xalla, brisée en mille morceaux. Voulait-on effacer sa trace et s'assurer que rien ne pouvait renaître de ses ruines ?
Diverses explications ont été proposées, mais aucune n’est définitive : une invasion par des Chichimèques guerriers du nord, une crise écologique provoquée par la surexploitation des sols et des forêts, des rivalités avec d'autres centres d'importance croissante, ou des révoltes internes. Pour les deux premières hypothèses, on ne dispose pas de preuves; les deux dernières semblent donc les plus vraisemblables.
El Tajin, Xochicalco, Cacaxtla et Cholula, centres proches de Teotihuacán, montent en importance et entrent en compétition pour le pouvoir régional. Profitant de leur position géographique pour bloquer les routes de commerce vers la métropole, ils sapent les bases économiques de son pouvoir. D’autre part, des signes de révolte interne deviennent évidents. La fortification du centre constituerait une protection contre les paysans dont le mécontentement montait en raison des énormes efforts fournis pour supporter une élite pesante et exigeante. Par ailleurs, la multiplication des scènes de guerre dans les peintures murales suggère le renforcement du pouvoir militaire à Teotihuacán.
La chute de Teotihuacán, vers 600 de notre ère, marque la fin de la période Classique ancienne. Ses répercussions entraînent une instabilité dans toute la Méso-Amérique, jusqu'en région maya. Elle permet aussi l'émergence de nouvelles cités (Xochicalco, Cacaxtla, Cholula), qui connaîtront leur éphémère apogée pendant les deux siècles suivants, sans jamais toutefois atteindre la puissance ou l'ampleur de la métropole.
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Écrit par
- Rosario ACOSTA NIEVA : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
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Médias
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