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BERGANZA TERESA (1933-2022)

Teresa Berganza - crédits : Jacques Morell/ Sygma/ Getty Images

Teresa Berganza

Claudio Abbado reconnaissait en elle « la plus sublime des mezzo-sopranos ». Révélée avec éclat à vingt-quatre ans, Teresa Berganza ne s'est pas laissé griser par les dithyrambes qui ont salué ses débuts mais a su devenir, par une constante humilité dans le travail et une grande sagesse dans ses prises de rôles, une rossinienne d'élite, une mozartienne d'exception et l'une des représentantes les plus accomplies du chant espagnol.

Maria Teresa Vargas, qui adoptera le patronyme de Berganza, naît le 16 mars 1933 à Madrid. Elle étudie le piano, l'orgue, la direction d'orchestre, l'harmonie et la composition au Conservatoire de la capitale espagnole. Dès l'âge de huit ans, elle s'initie au chant avec une ancienne élève d'Elisabeth Schumann, Lola Rodriguez Aragón. Les élans mystiques de l'adolescence, qui l'amènent à vivre quelques mois dans un couvent, sont rapidement vaincus par l'évidence de sa vocation musicale. Le chef d'orchestre Ataulfo Argenta la remarque alors qu'elle est soliste dans le chœur Cantores de Madrid et l'invite à participer, sous sa direction, à l'enregistrement d'une zarzuela, forme ibérique proche de l'opérette, mêlant musique et théâtre, chants et danses, et qu'elle visitera à de nombreuses reprises. En 1955, un premier récital à Madrid ne soulève guère l'enthousiasme de la critique. Gabriel Dussurget, qui l'auditionne à Paris, est en revanche conquis d'emblée. Sans hésitation, il lui confie, pour sa première apparition sur scène, le rôle de Dorabella (Così fan tutte de Mozart) dans le cadre prestigieux du festival d'Aix-en-Provence de 1957, où elle se retrouve aux côtés de Teresa Stich-Randall, de Rolando Panerai et de Luigi Alva, sous la direction de Hans Rosbaud. Pour les « deux Teresa », c'est un triomphe, et, pour la plus jeune, le début de sa carrière internationale.

La même année, elle épouse le compositeur et pianiste Felix Lavilla Muñarriz et se fait applaudir à la RAI sous les traits d'Isabella (L'Italiana in Algeri de Rossini). Dès 1958, elle est réclamée par les plus grandes scènes : la Piccola Scala à Milan pour Isolier (Le Comte Ory de Rossini) et le festival de Glyndebourne pour un Cherubino d'anthologie (Les Noces de Figaro de Mozart) où elle se joint à sa compatriote Pilar Lorengar et à Graziella Sciutti. Véritable « propriétaire » de ce dernier personnage, elle l'incarnera par trois fois à Aix-en-Provence (en 1960, 1962 et 1964, sous les directions successives de Michael Gielen et de Peter Maag), ainsi qu'au Lyric Opera de Chicago (en 1962) et à l'Opéra de Paris (en 1967 et 1973). En 1967, elle est invitée par la Scala de Milan, le Teatro Colón de Buenos Aires et le Metropolitan Opera de New York. Covent Garden la fête dans Rosina (Le Barbier de Séville de Rossini). Elle montre autant d'aisance et de sensibilité au royaume de la musique ancienne. Elle marque de sa personnalité, toujours fidèle à Aix-en-Provence, le rôle-titre de Didon et Énée de Purcell (en 1960 et 1961, avec Gérard Souzay et sous la baguette de Pierre Dervaux), Ottavia du Couronnement de Poppée de Monteverdi (en 1961 et 1967), Ruggiero d'Alcina de Haendel (en 1978, avec Christiane Eda-Pierre, Valerie Masterson, Ann Murray et Philip Langridge, sous la direction de Raymond Leppard). Au sommet de son art, Teresa Berganza sait marier une technique virtuose exemplaire à une sobre élégance. Elle évolue avec une souveraine liberté, un chic inimitable et une finesse d'expression rare sur les plus téméraires vocalises.

Après s'être imposée en 1977 dans Angelina (La Cenerentola de Rossini) à l'Opéra de Paris, elle aborde pour la première fois le rôle-titre de Carmen de Bizet au festival d'Édimbourg, sous la direction de Claudio Abbado. Elle en renouvelle[...]

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