ÉCHANGE TERMES DE L'
Le rôle des politiques commerciales
Les politiques commerciales peuvent influencer les termes de l'échange. Certaines ont pour fonction de les améliorer, d'autres ont pour conséquence de les dégrader. Les premières privilégient l'amélioration des termes de l'échange au détriment du volume des échanges, les secondes reposent sur des objectifs de compétitivité.
Les politiques qui visent à améliorer les termes de l'échange
Un pays importateur, suffisamment grand pour influencer les cours mondiaux, peut améliorer ses termes de l'échange en levant des taxes à l'importation qui dépriment la demande, donc le prix des importations. On montre qu'il existe un tarif douanier optimal qui maximise les gains du pays protecteur. Cet instrument, qui améliore les termes de l'échange de la nation, détériore ceux du reste du monde. De manière symétrique, la taxation des exportations, en réduisant l'offre, permet d'accroître le prix des biens exportés et donc les termes de l'échange du pays exportateur.
Le cartel permet également d'intervenir directement sur les prix. Il peut lier les importateurs qui tentent d'imposer des prix bas aux exportateurs. Mais il peut s'agir également d'un cartel de producteurs, dont le plus fameux est l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (O.P.E.P.) qui a permis, à certaines périodes, d'amplifier une amélioration des termes de l'échange des pays membres due à la hausse du prix du pétrole.
D'autres formes d'imperfections apparaissent sur les marchés mondiaux. Un pays qui dispose d'un monopole ou d'un oligopole national exporte des biens à un prix qui incorpore un surprofit, ce qui améliore ses termes de l'échange par rapport à une situation plus concurrentielle. Le concept de politique commerciale stratégique est apparu dans les années 1980 (Brander & Spencer, 1985 ; Krugman, 1986). Sur certains marchés internationaux imparfaitement concurrentiels, des profits anormaux apparaissent. Sous certaines conditions, l'État peut utiliser les subventions pour aider les entreprises à acquérir une position de leader qui permette de pratiquer à l'exportation des prix plus élevés.
Les politiques qui dégradent les termes de l'échange
Les gouvernements peuvent limiter le volume des importations, soit en imposant un contingent, soit en négociant avec le pays concerné une autolimitation de son volume d'exportations. Ce dernier type d'accords a été fréquemment imposé par les pays industriels (accord multifibres pour le textile – qui a pris fin au 1er janvier 2005) et, notamment, par les États-Unis (acier, automobile, etc.). Si les produits importés sont différenciés (automobile, textile, certains biens de consommation), la diminution imposée de l'offre d'importation tend à provoquer l'augmentation de leur prix puisque les biens produits localement ne se substituent pas parfaitement aux biens importés devenus plus chers parce que plus rares. Cette évolution provoque la dégradation des termes de l'échange nationaux. Contrairement aux cas précédents, la politique commerciale tend donc à détériorer le bien-être de la nation alors que les exportateurs bénéficient d'une rente de rareté. Cette situation a été constatée pour les automobiles japonaises exportées, notamment aux États-Unis. Les règles de l'O.M.C. et le démantèlement des accords multifibres ont néanmoins rendu plus difficile le recours à cet instrument.
On a constaté, dans les années 1990, une multiplication des conflits qui trouvent leur origine dans le comportement supposé déloyal du pays exportateur. Par des pratiques de dumping (prix à l'exportation inférieurs aux coûts ou aux prix pratiqués au sein de la nation exportatrice) ou grâce à des subventions plus ou moins déguisées, les entreprises[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Marc SIROËN : professeur à l'université Paris-Dauphine
Classification
Autres références
-
COMMERCE INTERNATIONAL - Avantages comparatifs
- Écrit par Matthieu CROZET
- 5 804 mots
...l'échange ne dépend pas des niveaux de salaire ou de productivité, mais de la taille des pays et du type des secteurs sur lesquels porte la spécialisation. Un pays gagnera d'autant plus qu'il exportera des biens dont le prix est élevé, et qu'il importera des produits bon marché. Le rapport de ces deux prix... -
DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL - Histoire
- Écrit par Jean-Jacques FRIBOULET
- 8 118 mots
- 4 médias
...régions du Sud. Celles-ci sont marquées par le dualisme d'un secteur traditionnel et d'un secteur moderne tourné vers l'extérieur, et par la dépendance. R. Prebisch note, en particulier, la détérioration des termes de l'échange (rapport du prix des exportations au prix des importations) qui frappe... -
EMMANUEL ARGHIRI (1911-2001)
- Écrit par Claudio JEDLICKI
- 1 126 mots
L'économiste marxiste non conformiste Arghiri Emmanuel est né à Patras, en Grèce, le 22 juin 1911. Après avoir fait des études économiques et commerciales dans son pays natal, il part pour l'Afrique en 1937 et travaille, dans le secteur privé, au Congo belge. En 1942, il rejoint les Forces grecques...
-
INDUSTRIE - Industrialisation et formes de société
- Écrit par Samir AMIN
- 8 891 mots
- 4 médias
...pays industrialisés a été de 8,8 p. 100 entre 1960 et 1967 contre 6,1 p. 100 pour les autres), et porte, dans des proportions de plus en plus fortes, sur l'échange de produits industriels contre des produits industriels, tandis que le commerce des pays sous-développés, qui se fait à concurrence de 80 p....