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TERMINOLOGIE

Quelques particularités de la terminologie

Identifier, décrire, analyser, classer sont au fondement de toute démarche scientifique ou de construction d'objets. Mais il est très rare que cela n'aboutisse pas à un processus de désignation : il faut désigner les objets et les phénomènes décrits pour structurer le savoir et le communiquer. La terminologie garde encore de son histoire plusieurs particularités : notamment, le fait qu'elle soit essentiellement une pratique d'ingénieurs et de scientifiques, qu'elle soit partie prenante de la traduction spécialisée, et qu'elle soit encore peu intégrée aux sciences humaines, particulièrement la linguistique. À l'évidence pourtant, elle traite bien d'unités linguistiques (noms, verbes, expressions, etc.).

Un corpus en expansion continue

L'une des particularités de la terminologie par rapport au lexique usuel d'une langue est cependant d'avoir à prendre en compte des masses d'unités considérables. Si l'ensemble des unités linguistiques décrites dans un dictionnaire comme Le Nouveau Petit Robert (1993) est de près de 60 000 mots, le volume des unités terminologiques composant une langue comme le français est évaluée aujourd'hui à plusieurs millions ; ainsi, les termes des sciences de la vie (biologie, médecine, etc.) sont de plusieurs centaines de milliers. Cela, indépendamment du nombre des nomenclatures scientifiques (notamment les noms désignant les espèces vivantes), qui sont de plusieurs dizaines de millions. Il existe par exemple 400 000 espèces de coléoptères, dont la plupart ne sont pas encore décrites. Il faut de plus considérer que le volume d'objets à désigner et à répertorier, notamment ceux des collections et des musées, est évalué aujourd'hui à un milliard d'objets (Tillier, Académie des sciences, 2000).

L'unité terminologique

Toujours est-il que la terminologie a à traiter d'unités linguistiques. Il est préférable de parler à ce propos d'unités terminologiques. En effet, « terme » apparaît réducteur au regard de la diversité des phénomènes observables en terminologie. Les unités terminologiques excèdent souvent les limites des unités lexicales entendues au sens usuel, particulièrement par la lexicographie traditionnelle : à savoir des unités considérées généralement et prioritairement du point de vue de leur morphologie. L'unité terminologique peut de fait recouvrir des unités simples : tour ; mais très souvent des unités complexes : tour de forage, tour de refroidissement, tour de refroidissement à écoulement pelliculaire, tour de refroidissement à pluie d'eau, etc. On est obligé de concevoir chacune de ces unités longues comme un tout, à l'instar de tour de contrôle, exemple d'unité relativement limite pour un dictionnaire de langue usuel. Il est admis en terminologie que les éléments contenus dans chacune de ces unités forment bloc par le concept auquel renvoie chaque unité terminologique. À ces phénomènes d'expansion peuvent à l'inverse succéder des phénomènes de réduction : bateau qui marche à la vapeur devient « un » vapeur. Voire de substitution d'éléments : véhicule à roues motrices se précise en véhicule toutes roues motrices ; ou d'intercalation : heure de grande écoute conduit à heure de plus grande écoute. Autant de processus qui contribuent à indiquer que les terminologies se forment en discours et ne sont pas systématiquement créées ex nihilo par simple confrontation avec l'objet à désigner. De plus, parler d'unité terminologique est utile, car terme ne doit pas impliquer forcément nom : il y a en terminologie nombre de verbes ou d'unités verbales : enregistrer, sauvegarder, mettre en mémoire, etc. ; nombre d'adjectifs : un vin peut être ample, opulent, boisé... ;[...]

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Écrit par

  • : agrégé de grammaire, docteur en linguistique, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne

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Carl von Linné - crédits : Stefano Bianchetti/ Corbis/ Getty Images

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