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TERRAIN, géologie

La géologie étudie les masses minérales de la partie externe du globe, et elle a pour but d'en reconstituer l'histoire. Sa démarche consiste donc à rechercher, au sein des objets géologiques eux-mêmes, des témoignages concernant leur genèse ; ces témoignages sont interprétés par référence aux lois qui règlent actuellement, à la surface de la Terre et dans ses profondeurs, les processus d'évolution de la matière. Cela implique l'étude de portions plus ou moins importantes de la croûte terrestre, considérées dans leurs constituants, leur agencement puis, par déduction, quant à leur origine et à leur âge. C'est donc l' observation du terrain qui permet de réunir l'information indispensable à toute géologie.

Ceux qui, tels Jean-Étienne Guettard au xviiie siècle, Alexandre Brongniart et Constant Prévost au début du xixe siècle, utilisèrent les premiers le mot « terrain » désignaient par là un ensemble de couches sédimentaires accumulées durant une époque donnée (« terrain crétacé des Pyrénées ») : la référence à l'âge était alors déterminante. L'usage a élargi cet emploi, en considération de la nature, de l'agencement, de l'origine d'ensembles rocheux constitutifs de la lithosphère (« terrain calcaire », « terrains plissés », par exemple). Mais le même mot, dans un sens emprunté à l'art militaire, désigne aussi – et, dans ce cas, toujours au singulier – une étendue sur laquelle on pratique un certain mode d'observation ou d'action. Pour le géologue, il s'agit d'une partie de la surface de l'écorce, sur laquelle il exerce concrètement sa recherche ; en somme, le terrain est le lieu d'observation directe des objets géologiques dans leur gisement naturel.

Échelles d'observation et niveaux d'organisation

L'investigation immédiate concerne des objets dont la taille se situe entre le millimètre et quelques hectomètres ; cette vision des choses est obtenue sur des affleurements rocheux du même ordre de grandeur ; cette approche peut fournir immédiatement des informations assez denses. Par contre, la petitesse de l'observateur, par rapport à des objets d'un ordre de grandeur supérieur à 1 kilomètre, a longtemps fait de l'observation à cette échelle un domaine méthodologique peu productif ; les progrès considérables de la technique ont profondément modifié cet état de fait, et, vu ainsi, le terrain fournit désormais une quantité importante de données géologiques. L'observation d'objets dont les dimensions sont inférieures à 1 millimètre ne trouve guère sa place dans la pratique courante du travail sur l'affleurement : ce ne sont pas des raisons de principe, mais de simples considérations techniques qui font que la zone méthodologique correspondante doit être explorée au laboratoire, sur des échantillons représentatifs des objets vus dans leur gisement.

Les investigations concernant le terrain sont donc réalisables à des ordres de grandeur très variables, et variables en continuité. Cette continuité n'existe plus si l'on considère les objets eux-mêmes : ceux-ci sont, en effet, matière, et sont agencés en conséquence. C'est dire qu'il y apparaît une série de niveaux distincts d'organisation. Situé à un niveau donné, un objet est constitué par le groupement discontinu d'objets de niveau inférieur ; il peut s'intégrer lui-même dans une organisation de niveau supérieur. Dans la lithosphère, les plus significatifs de ces niveaux sont celui de l'élément chimique, celui du minéral, celui de la roche, celui de la formation géologique, celui de l'édifice régional. Une roche, par exemple, est, considérée comme telle, un objet continu ; mais elle se définit comme assemblage discontinu de grains (appartenant à une ou plusieurs espèces minérales), et comme partie d'un autre assemblage discontinu[...]

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