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TERRE Le système Terre et sa transformation

Sujet de débat politique et de négociations difficiles au plus haut niveau sur la scène internationale, la question de la transformation de l'environnement par la civilisation moderne a cessé, dès les années 1980, d'être apanage des scientifiques ou des « amis de la nature ». Devenue globale, elle se pose autrement qu'en termes de création de réserves naturelles ou de protection de voisinage. L'altération de l'air, même par des produits apparemment inoffensifs, est au cœur du débat actuel. Ni la dispersion de ces produits ni l'éloignement de leurs sources d'émission ne permettent d'évacuer le problème inhérent à la dimension finie de notre planète, à la circulation globale de son atmosphère.

Pour aussi nouvelle qu'elle paraisse, cette modification de l'environnement par l'homme n'est que la manifestation, à l'échelle de la planète, d'un processus commencé depuis au moins huit mille ans avec l'émergence de l'agriculture. Pendant longtemps, l'homme a vu dans son environnement des puissances à comprendre puis à maîtriser, des menaces à combattre. Défrichant les forêts pour étendre l'agriculture et l'élevage, manipulant les espèces végétales et animales, l'homme n'a eu de cesse d'utiliser toutes les ressources naturelles pour sa subsistance et son profit. Ce n'est que depuis un siècle et demi que l'on voit dans la nature sauvage, non apprivoisée, des éléments à préserver, voire à protéger. La conquête semblerait alors complète : la Terre serait entre nos mains.

Plus que la seule altération de l'air, ce sont aujourd'hui l'ensemble des activités humaines – l'agriculture, l'élevage, et la pêche, et surtout l'industrie – qui modifient le fonctionnement de ce qu'il faut appeler le « système Terre ». Il faut examiner dans quelle mesure ces modifications, par leur ampleur comme par leur accélération, se distinguent des catastrophes, évolutions et fluctuations naturelles qui ont marqué l'histoire de notre planète.

Perspectives d'histoire cosmique

L'histoire de notre planète commence avec la formation du système solaire il y a 4,55 milliards d'années. Depuis plus de quatre milliards d'années, depuis la grande collision catastrophique qui donna naissance à notre Lune, la masse de la Terre ne change plus, son orbite et sa rotation ne variant qu'en fonction des perturbations gravitationnelles des autres planètes et du freinage exercé par les marées surtout lunaires. La structure interne de la planète continue cependant d'affecter les conditions à sa surface et dans l'atmosphère par la tectonique des plaques, l'activité volcanique et les variations du noyau central, une « géo-dynamo » qui produit le champ magnétique. Grâce à la « co-évolution » de la vie et de la composition atmosphérique, l'eau existe à l'état liquide à la surface de la Terre depuis plus de trois milliards d'années. À côté des longues périodes relativement chaudes et sans glaces, les épisodes remarquables de glaciation totale (la Terre en « boule de neige ») du Protérozoïque ont duré bien peu de temps. La planète a connu bien des catastrophes, notamment l'impact cométaire de Chicxulub (Mexique) qui a mis fin au Crétacé (il y a 65 millions d'années) et au règne des dinosaures comme de bien d'autres espèces.

Le Quaternaire voit l'émergence des hominidés, sur une Terre solide où les plaques continentales ne bougent guère en ces quelques petits millions d'années, mais dont la surface et l'atmosphère continuent à évoluer avec les variations des éléments de l'orbite et de la rotation de la Terre. Modifiant la répartition de l'ensoleillement avec la latitude et la saison, ces variations dites de Milankovitch battent le rythme des[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire du C.N.R.S., laboratoire de météorologie dynamique, École polytechnique, Palaiseau

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Cultures et déforestation en Bolivie - crédits : Nasa

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