TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR
Appartenant à la région atlantique, Terre-Neuve-et-Labrador est la plus orientale des dix provinces canadiennes. D’une superficie de 405 212 kilomètres carrés, elle est constituée de deux entités : l’île de Terre-Neuve et le Labrador, continental.
Population et peuplement
L’occupation humaine de l’île de Terre-Neuve et du Labrador par des peuples autochtones a débuté il y a environ 9 000 ans. Des groupes dits de l’Archaïque maritime y ont tout d’abord vécu, avant que d'autres, appartenant aux cultures Groswater et Dorset, arrivent en provenance de l’Arctique. Ces derniers ont ensuite fait place aux Premières Nations et aux Inuit. La présence des Vikings est attestée à l'Anse aux Meadows (à l’extrémité nord de l’île de Terre-Neuve) à partir de l’an mille environ. C'est le seul site scandinave identifié en Amérique du Nord, même si son occupation n'a été que brève et non permanente. Bien que les expéditions des explorateurs européens (en particulier Jean Cabot et Jacques Cartier) soient les plus connues, la majorité des premiers Européens arrivés à Terre-Neuve auraient été des équipages anonymes de baleiniers et de pêcheurs.
Pendant des millénaires, les modes de vie des Autochtones sont organisés autour des activités maritimes. Les ressources de l’océan (particulièrement la morue, les cétacés et les phoques) attirent les Européens (Portugais, Espagnols, Basques, Français, Anglais) vers le début du xvie siècle. La colonisation proprement dite du territoire commence avec les Anglais au début du xviie siècle, puis se poursuit avec les Français au milieu du siècle. Bien qu’elles n’aient jamais été densément peuplées, ces colonies ont vu croître leur population graduellement. Toutefois, les changements politiques (notamment le traité d’Utrecht de 1713) permettent aux Anglais de s’établir de façon permanente sur l’île, tandis que les Français ne conservent qu’un droit de pêche saisonnier sur la côte nord et l’ouest de l’île de Terre-Neuve, et ce jusqu’en 1904. Résultat de la guerre de Sept Ans, la côte du Labrador est annexée à Terre-Neuve en 1763, lors du traité de Paris. Mais il faudra attendre 2001 avant que la province porte officiellement le nom de Terre-Neuve-et-Labrador.
Les Autochtones de Terre-Neuve-et-Labrador se sont maintenus malgré l’empiétement croissant des Européens sur leur territoire. Les Inuit vivaient le long de la côte du Labrador. Dans le nord de la région, ils gèrent aujourd’hui le territoire du Nunatsiavut, autonome depuis 2005. Ils se sont également installés dans le Sud – souvent en contractant des mariages avec des familles de commerçants britanniques à partir du xviiie siècle. La population qui en est issue, les « NunatuKavut Inuit », est maintenant représentée par le conseil communautaire du NunatuKavut.
Le sud de Terre-Neuve faisait partie du grand territoire des Mi’kmaq et la Première Nation Miawpukek y est encore bien présente. Quant aux peuples béothuks, qui vivaient dans toute l’île, leur histoire eut une fin tragique. Ils furent chassés des régions côtières et de leurs territoires traditionnels par les équipages de pêche européens, ce qui les força à pénétrer dans les terres intérieures marginales et inhospitalières. Les maladies introduites par les Européens et le manque de ressources ont conduit à leur extinction en 1829.
Les populations de colons européens augmentent au cours des xviiie et xixe siècles et continuent à tirer leur subsistance de la pêche à la morue jusqu’au moratoire de 1992. Les relations politiques entre Terre-Neuve et la Grande-Bretagne se développent au xixe siècle, et Londres accorde le statut de gouvernement responsable en 1855. La paralysie des finances du dominion conduit, en 1933, à l’abandon de l’autonomie, au profit d’une commission de gouvernement directement contrôlée par la Grande-Bretagne.[...]
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Écrit par
- Amanda CROMPTON : professeure agrégée, département d'archéologie, histoire, théologie et sciences des religions, université arctique de Tromsø (Norvège)
- Majella SIMARD : docteur en développement régional, professeur de géographie à l'université de Moncton, Nouveau-Brunswick (Canada)
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