YUKON TERRITOIRE DU
Le Yukon est un territoire canadien depuis 1898. Détaché des Territoires du Nord-Ouest, qui le bordent à l’est, le Yukon partage aussi une frontière avec l’Alaska à l’ouest et avec la Colombie-Britannique au sud. Au nord, il s’ouvre sur l’océan Arctique dans la mer de Beaufort. À l’instar des autres territoires du Nord canadien, le Yukon se caractérise par la faible densité de population, l’importance de sa minorité autochtone, mais aussi par la macrocéphalie de sa capitale, Whitehorse, qui regroupe 60 p. 100 des 36 000 Yukonnais (recensement de 2016). La ruée vers l’or à la fin du xixe siècle a fortement marqué le territoire.
Le relief du Yukon est caractérisé par la cordillère de l’Ouest qui, dans son extension septentrionale, couvre la quasi-totalité des 474 712 kilomètres carrés du territoire, avoisinant les 1 000 mètres d’altitude sur les plateaux du centre. Les sous-ensembles les plus notables sont les monts Mackenzie et Selwyn à l’est, les Boundary dans l’extrême Sud, les Pelly au centre-sud, les Ogilvie au centre, les Brooks et les Richardson dans le Nord et enfin les Saint Elias au sud-ouest, où culmine le mont Logan à 5 959 mètres, le plus haut sommet du Canada.
Le Yukon est traversé par le fleuve éponyme, qui constitue le principal cours d’eau du territoire et son plus vaste bassin versant. Le fleuve Yukon a joué un rôle central pour les premiers occupants, puis dans la pénétration du territoire par les explorateurs et enfin pour les chercheurs d’or.
La dernière glaciation, celle du Wisconsin (qui a pris fin il y a 10 000 ans environ), aurait permis aux premiers autochtones d’Amérique d’atteindre le continent par la Béringie (un pont terrestre entre l’Alaska et la Sibérie), et d’entamer une migration vers le sud par le Yukon actuel. Les peuples Gwich’in, Hän, Kaska, Tagish, Tanana, Tlingit et Tutchone, qui représentent près du quart de la population territoriale, sont aujourd’hui les descendants de ces Premières Nations présents au Yukon. Les relations entre les autochtones et l’administration territoriale ont été marquées depuis les années 1990 par la création de gouvernements régionaux dans le cadre de la politique fédérale sur les « revendications territoriales globales », impliquant entre autres la définition des droits alloués aux communautés sur les territoires traditionnels leur étant reconnus, l’attribution d’indemnités, la délégation de certains pouvoirs et l’implication des communautés dans l’exploitation des ressources naturelles.
Outre quelques explorateurs, les premiers occupants permanents de descendance européenne furent des employés de la Compagnie de la baie d’Hudson, venus pour la traite des fourrures à partir du milieu du xixe siècle. La colonisation du territoire ne connut une réelle ampleur qu’avec la ruée vers l’or dite « du Klondike », l’un des épisodes les plus structurants de l’histoire du Yukon contemporain. En effet, la découverte progressive d’or dans la rivière Klondike et d’autres affluents du fleuve Yukon à compter des années 1870 est à l’origine de la prospection, puis de l’arrivée massive de chercheurs d’or et autres colons venus faire fortune entre 1897 et 1899. Dans la foulée de cet afflux démographique, des communautés s’établissent en grand nombre, dont Dawson City, au confluent du Yukon et du Klondike, qui fut la capitale du territoire jusqu’en 1952, avec une rapidité qui caractérisera également la fin de cette épopée. En effet, l’épuisement des ressources aurifères et la découverte d’autres gisements, notamment en Alaska, les contraignent à émigrer au début du xxe siècle.
Le modèle de développement retenu par le Yukon – tout comme par les autres territoires fédéraux canadiens – peut être défini comme de l’extractivisme. Que les centres de population du sud du pays soient éloignés des sites[...]
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Écrit par
- Jimmy COUILLARD-DESPRÉS : toponymiste, géographe
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