RILEY TERRY (1935- )
Le compositeur américain Terry Riley est, avec La Monte Young, Philip Glass et Steve Reich, un des quatre grands pionniers du courant répétitif- minimaliste.
Terry Mitchell Riley naît le 24 juin 1935 à Colfax (Californie). Il commence à composer dès l'âge de dix-neuf ans, tout en accomplissant de solides études musicales : il étudie le piano avec Duane Hampton et la théorie avec Ralph Wadsworth (1954-1955), puis suit les cours de composition de Wendell Otey et ceux de piano d'Adolf Baller (1955-1957). Il se perfectionne en composition à l'université de Californie à Berkeley, auprès de Seymour Shifrin et de William Denny (1959-1961), et, à titre privé, auprès de Robert Erickson ; il s'initie également au piano ragtime avec Wally Rose. Pendant ses années d'étude, Riley forme un groupe d'improvisation avec Pauline Oliveros et Loren Rush. À Berkeley, il effectue une rencontre décisive, celle de La Monte Young, figure emblématique de la musique minimaliste. Puis il séjourne en Europe à partir de 1962, passant deux années environ à Paris. Il se rend aux cours d'été de Darmstadt et collabore avec l'artiste finlandais Ken Dewey sur Helsinki Street Piece.
Dès ses premières compositions, Riley s'intéresse aux effets du son sur le psychisme. En 1960, il utilise pour la première fois le procédé de la boucle de bande magnétique et ses effets d'écho dans Concert, pour deux pianos et cinq magnétophones, qui utilise des « objets sonores » caractéristiques de la musique concrète. Il compose également une pièce de musique répétitive destinée à accompagner une chorégraphie d'Ann Halprin, The Three-Legged Stool ; il en tirera Mescalin Mix (1962-1963). En 1963, il écrit à Paris Music for The Gift, une musique de scène pour la pièce-happening de Ken Dewey The Gift, dont les audaces sont sifflées lors de sa création, au Théâtre Récamier, le 8 juillet 1963 ; cette musique repose sur un enregistrement, par le quartette de Chet Baker, de So What, de Miles Davis, qui est soumis à la technique du « time-lag accumulator », c'est-à-dire à l'utilisation simultanée du procédé de la boucle et de celui du feed-back (réinjection produisant un écho retardé). Riley compose en 1963 ses premières études pour piano (Keyboard Studies).
De retour à San Francisco en février 1964, Riley commence sa pièce pour orchestreIn C, qui sera exécutée pour la première fois le 4 novembre 1964, au Tape Music Center de San Francisco, dont il est un des fondateurs. Cette pièce, qui va devenir l'œuvre emblématique de la musique répétitive, présente la particularité de pouvoir être exécutée par n'importe quel nombre de n'importe quels instruments. Riley n'a pas d'exigence d'instrumentation ou d'orchestration particulière : « L'un de mes principaux soucis fut d'établir une structure où les paramètres musicaux seraient assez simples de façon à ce que même des instrumentistes aux moyens techniques limités puissent jouer aisément. Un autre fut de créer un cadre ordonné donnant aux exécutants une base solide et stimulante. » Cette musique se caractérise par des développements itératifs sur de brèves cellules thématiques. Le résultat, fort séduisant, est une masse sonore scintillante qui subit des métamorphoses quasi imperceptibles.
Une rencontre va influencer profondément Riley : celle du chanteur indien de ragas Pandit Pran Nath, dont il sera le disciple de 1970 jusqu'à la mort de ce dernier, en 1996. À la fin des années 1960, Riley abandonne peu à peu la composition formelle pour se consacrer à l'improvisation en soliste avec feed-back ; émerge ainsi A Rainbow in the Curved Air, pour orgue électrique, dumbak et tambourins (1968), qui se présente comme un mouvement perpétuel pour orgue en rerecording. Jouant tour à tour de l'orgue électrique[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Juliette GARRIGUES : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
Classification
Autres références
-
IN C (T. Riley)
- Écrit par Juliette GARRIGUES
- 266 mots
Nourrie de la contre-culture californienne, s'inscrivant contre le sérialisme totalitaire prôné par Arnold Schönberg ou Pierre Boulez, la musique minimaliste – à laquelle se rattache le courant répétitif – naît au début des années 1960 aux États-Unis. Composée et créée à San Francisco...
-
ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - La musique
- Écrit par Juliette GARRIGUES et André GAUTHIER
- 3 950 mots
- 6 médias
...indienne et dont le seul The WellTuned Piano – work in progress entrepris dès 1964 – a fait connaître le nom aux discophiles, et son alter ego, Terry Riley (né en 1935), également influencé par la musique d'Extrême-Orient, les principaux représentants de cette « new music » sont pourvus de l'étiquette... -
MUSIQUES MINIMALISTES ET RÉPÉTITIVES - (repères chronologiques)
- Écrit par Juliette GARRIGUES
- 844 mots
1935-1937 Les quatre pionniers des musiques minimalistes et répétitives, tous américains, naissent dans un laps de temps d'un an et demi : Terry (Mitchell) Riley le 24 juin 1935, à Colfax, en Californie ; La Monte (Thornton) Young le 14 octobre 1935, à Bern, dans l'Idaho ; Steve (Stephen Michael)...
-
RÉPÉTITIVE MUSIQUE
- Écrit par Juliette GARRIGUES
- 656 mots
- 1 média
La musique répétitive désigne un courant qui apparaît aux États-Unis au début des années 1960. Ses principaux représentants sont les Américains Terry Riley (né en 1935), La Monte Young (né en 1935), Steve Reich (né en 1936) et Philip Glass (né en 1937). Les débuts de la musique répétitive...