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TESO

Population nilotique du groupe central, les Teso appartiennent au même groupe linguistique que les Karamojong. Seconde ethnie de l'Ouganda, ils sont localisés dans l'est du pays et constituent environ 4 p. 100 de la population ougandaise dans les années 2000, soit 1 200 000 environ. Ils sont également présents au Kenya dans la province de Nyanza, où ils sont connus sous le nom de Iteso, ou Itesyo.

L'économie des Teso repose à la fois sur l'agriculture et sur l'élevage du bétail ; le sorgho, les patates douces, le manioc constituent la base de leur alimentation. La culture du coton a, pendant la période coloniale, connu une large extension. L'élevage est surtout pratiqué dans le nord du pays teso ; le kraal — parc à bétail formé par la disposition même des maisons — occupait autrefois le centre des villages, qui étaient fortifiés. Le bétail, consommé sous forme de viande et de produits laitiers, est également élevé pour la vente.

L'unité sociale de base est constituée par la famille étendue patrilinéaire. La résidence est patrilocale ; le mariage implique le versement d'une importante compensation matrimoniale, de l'ordre de vingt-cinq à trente têtes de bétail ; la polygynie est pratiquée. Les règles d'exogamie sont complexes : les clans patrilinéaires ne sont pas strictement exogames ; par contre, l'union est prohibée entre cousins croisés ; en outre, un homme ne peut pas épouser une femme dont la mère observe les mêmes tabous claniques que sa propre mère. L'organisation politique traditionnelle et certains aspects de l'organisation sociale ont été bouleversés par la conquête ganda. À partir de 1896, grâce à l'appui des Britanniques, les Baganda établirent leur domination sur les Teso, leurs ennemis héréditaires. Ils restèrent maîtres du pays pendant toute une partie de la période coloniale et imposèrent, souvent par la coercition, leur propre système administratif de chefferies hiérarchisées, différent du système traditionnel teso, et leur régime foncier. Les Baganda détruisirent le système des classes d'âge qui tenait une place centrale dans l'organisation sociale et la culture des Teso. Autrefois, les classes d'âge, au nombre de sept ou huit selon les régions, formaient un cycle et se combinaient avec des moitiés organisées au niveau des villages. L'initiation d'une nouvelle classe d'âge donnait lieu à d'importantes cérémonies. Enfin, les classes d'âge servaient de système de référence symbolique : les phénomènes naturels, les éléments de la culture matérielle, les qualités morales entraient dans des catégories conceptuelles, associées aux différentes classes d'âge, classification qui avait des implications rituelles.

La destruction du système des classes d'âge a sans doute favorisé la pénétration du christianisme, qui a aujourd'hui supplanté les croyances traditionnelles. Les missions anglicanes et catholiques ont assuré une importante scolarisation. Celle-ci, jointe à la pénétration de l'économie marchande, a accentué le contraste entre les Teso et les Karamojong, ces derniers étant restés beaucoup plus proches du mode de vie traditionnel.

— Roger MEUNIER

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Écrit par

  • : chargé de cours à l'université de Paris-VIII, assistant de recherche à l'École pratique des hautes études

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