PRAUSNITZ-KÜSTNER TEST DE
Le test dit de Prausnitz-Küstner est le premier test à usage médical mis au point pour identifier à quelle substance une personne allergique est sensible. L’allergie désigne un ensemble de manifestations cliniques d’importance variable, allant d’un simple urticaire à des signes généraux pouvant engager le pronostic vital (hypotension, œdème de Quincke, etc.). Ces signes surviennent lors de la réexposition d’un patient déjà sensibilisé à la substance allergène responsable de la réaction. Même si l’on savait depuis 1902 induire une condition allergique chez l’animal de laboratoire (le choc anaphylactique décrit par Charles Richet et Paul Portier), il était pratiquement impossible de définir à quoi un sujet allergique était sensible. La première approche raisonnée de cette difficile question a été apportée en 1921 par deux médecins allemands de l’Institut d’hygiène de Breslau (actuellement Wrocław, en Pologne), Heinz Küstner et Carl Prausnitz. Leur démarche initiale dans la mise au point de ce que l’on appellera plus tard le transfert passif de l’immunité, ou test de Prausnitz-Küstner, s’ancre dans une observation surprenante. Küstner était sujet aux crises d’urticaire quand il consommait de la morue cuite, mais pas lorsqu’il était exposé à de la morue crue. De son côté, Prausnitz était allergique aux pollens, mais insensible à la morue. Prausnitz eut l’idée de chercher si l’allergie de Küstner pouvait lui être transmise par injection du sérum de ce dernier (sang dépourvu de cellules) au niveau de son derme (partie profonde de la peau). Si l’hypothèse était correcte, l’injection au point de la première inoculation (en admettant que la goutte de sérum soit restée dans le derme) d’extrait de morue devait induire une réponse allergique si le poisson était cuit, et non si le poisson était cru. Et c’est effectivement ce qui fut observé, avec une réponse locale brutale (formation d’une bulle et inflammation). Prausnitz et Küstner appelèrent « réagine » la substance contenue dans le sérum et ayant causé la réponse allergique. Il fallut ensuite attendre 1966 pour que l’on montre que la « réagine » était un anticorps de la classe des IgE, qui, en réagissant avec l’antigène qui lui est propre, déclenche la sécrétion d’histamine et la réaction allergique.
Le test mis au point à partir de l’observation de Prausnitz et Küstner consiste en l’injection d’une petite quantité de sérum du sujet allergique dans le derme d’un « sujet neutre », puis en l’injection en ce même point de l’antigène suspecté. Le sujet neutre joue ici ici le rôle d’une sorte de tube à essai où se mélangeraient les réactifs. Ce test est inoffensif pour ce sujet chez qui la « réagine » est absente, alors que l’injection de l’allergène déclencherait une réponse potentiellement dangereuse chez le sujet allergique. Le test de Küstner-Prausnitz a constitué jusque dans les années 1960 la méthode standard d’identification des allergènes, puis a été abandonné du fait du risque de transfert de virus, de l’hépatite puis de VIH. Il a été remplacé par la technique d’exposition à une batterie d’allergènes par voie transcutanée.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
-
IMMUNOLOGIE
- Écrit par Joseph ALOUF et Pierre GRABAR
- 5 262 mots
- 8 médias
...après, on a envisagé qu'il s'agissait d'une hypersensibilité et, en 1921, Prausnitz et Küstner ont prouvé l'exactitude de cette supposition. On appelle réaction de Prausnitz-Kustner l'épreuve de transfert passif d'une réaction cutanée de sensibilisation à la substance sensibilisante qu'on appelle « allergène...