TESTELIN LOUIS (1615-1655) & HENRI (1616-1695)
Peintres français. Formé chez Simon Vouet à Paris, Louis Testelin (1615-1655) ne fait pas le voyage d'Italie et restera lié avec Sébastien Bourdon et Le Brun. On sait qu'il a exécuté de nombreux décors pour des couvents, des hôtels ou des châteaux. Il se spécialise dans le genre des grisailles imitant les bas-reliefs ou bien fait des dessins satiriques sur les événements de son temps comme la feuille du musée de Dijon, L'Orgueil espagnol surmonté par le luxe français. À deux reprises, en 1652 et 1653, Louis Testelin peint le May pour Notre-Dame de Paris, toile traditionnellement offerte à la cathédrale par la corporation des orfèvres (au musée d'Arras et à Notre-Dame de Paris). On y trouve de fortes réminiscences de Le Sueur dans l'ordonnance, avec toutefois plus d'effort, moins de poésie. C'est que le peintre — un des fondateurs de l'Académie royale de peinture et de sculpture — a besoin de règles pour traduire ce « grand goût » auquel il aspire. Ses moyens sont simples : une rigoureuse construction, un sentiment de sévérité, de calme qui neutralise l'émotion. Plus qu'un autre, il ressent le besoin d'établir les principes d'une doctrine esthétique. Il meurt avant de voir triompher — avec Le Brun et ses confrères à l'Académie — ce qu'il a recherché.
Henri Testelin (1616-1695) est comme son frère un des fondateurs de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Il connaît le succès grâce à des portraits, et son rôle a été décisif dans la mise au point de la doctrine officielle des arts, jusqu'en 1681, date de son exclusion de l'Académie en tant que protestant. Parmi les portraits officiels peints par Henri Testelin, il convient de mentionner ceux de Louis XIV (musée du château de Versailles). Si la majesté royale se dégage comme il convient du Portrait de Louis XIV âgé de dix ans, elle n'est pas contraignante et laisse toute sa grâce au portrait de l'enfant. Plus accomplie est la grande toile de 1668 montrant Louis XIV, protecteur de l'Académie dans un somptueux décor construit à la façon de Vouet, mais où le roi vêtu de son manteau fleur de lis conserve une singulière présence et une élégance satisfaite. L'œuvre peint de Henri Testelin a laissé dans l'histoire de l'art moins de place que son rôle de secrétaire et de professeur à l'Académie. C'est tout le problème de la politique des arts sous Louis XIV qui transparaît dans l'activité militante de Testelin au sein de l'équipe de Le Brun. Chargé de la pédagogie de l'esthétique officielle, il a formulé le code de l'académisme français dans les Sentiments des plus habiles peintres sur la pratique de la peinture et de la sculpture, mis en tables de préceptes... (Paris, 1680). On a montré que cet inventaire — au demeurant assez sec — n'impose guère la notion d'un équilibre figé, propre au classicisme, comme le laissent supposer les manuels d'histoire. Le dynamisme de la composition n'est-il pas encouragé ? L'affectation des formes géométriques trop régulières condamnée ? La largeur dans l'exécution doit être recherchée afin de « concevoir de grandes parties comme de puissantes masses, soit dans les groupes, soit dans les ombres, soit dans les couleurs ». La mise en valeur de certaines parties autorise même à « négliger quelquefois [...] certains endroits » du tableau. L'académicien ne condamne donc pas totalement la liberté de la vision du peintre et lui reconnaît la possibilité de choisir ses moyens d'expression.
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Écrit par
- Jean-Pierre MOUILLESEAUX : historien de l'art, chargé de mission à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites
Classification
Autres références
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CONFÉRENCES DE L'ACADÉMIE ROYALE DE PEINTURE ET DE SCULPTURE
- Écrit par Milovan STANIC
- 1 400 mots
La bibliothèque de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (É.N.S.B.A) conserve dans ses archives un grand nombre de manuscrits relatifs à l'histoire de l'Académie royale de peinture et de sculpture qui y furent transférés depuis l'ancienne institution voici deux siècles. Une partie...