TÉTANOS
Le tétanos est peut-être la maladie la plus déroutante de toutes celles qui frappent l'homme et les animaux. On en connaît le germe depuis 1884, la toxine depuis 1890, le sérum préventif et curatif depuis 1892, le vaccin depuis 1926, la constitution chimique de la toxine depuis 1948, le site récepteur spécifique dans le tissu nerveux depuis 1959, et pourtant elle reste toujours l'une des plus terribles et des plus meurtrières des toxi-infections.
Contrairement à l'opinion la plus répandue, le tétanos constitue encore un fléau, vingt-quatre siècles après sa première description par Hippocrate et Aretê de Cappadoce. Au début des années 1990, le nombre de décès de nouveau-nés dans le monde à cause du tétanos est de 767 000 par an. À ne considérer que la France, le nombre de cas de tétanos déclarés en 1992 a été de 55.
Le tétanos est caractérisé par un tableau clinique impressionnant. A. Nicolaïer en a élucidé l'étiologie en 1884, et S. Kitasato a isolé en 1889 l'agent pathogène responsable. En 1890, Knud Faber parvenait à établir que le pouvoir pathogène de Plectridium tetani était dû à la production d'une toxine, et ce en reproduisant chez l'animal tous les symptômes de la maladie humaine par l'injection du milieu de culture débarrassé de toute cellule bactérienne. Cette découverte, qu'un symptôme ou le tableau clinique d'ensemble d'une infection pouvait être reproduit par des substances uniques ou multiples, élaborées par l'organisme pathogène, a été l'une des contributions fondamentales de la bactériologie à la pathologie infectieuse.
Habitat
La grande résistance des spores tétaniques explique leur fréquence dans le milieu extérieur. Le sol est le principal réceptacle : terre des jardins et des champs, fumier, poussière, boue des rues. Le bacille tétanique est un germe anaérobie sporulé à habitat tellurique, ce qui est la condition de sa pérennité. Il n'est cependant pas ubiquitaire, sa répartition géographique étant capricieuse. Il existait en France de nombreuses zones tétanigènes : les environs de Périgueux, de Caen, de Tours, de Privas et de Vals-les-Bains, les départements de Meurthe-et-Moselle et de l'Allier, le Mont-Dore. Les bacilles se raréfient avec l'altitude.
Les animaux sont les agents disséminateurs : absorbées avec le fourrage, les spores se rencontrent dans le tractus digestif et les matières fécales de nombreux animaux supérieurs, surtout bovidés et équidés. Le crottin de cheval et le fumier des bovidés rendent le bacille fréquent autour des écuries. L'intestin de mouton, matière première de la fabrication du catgut chirurgical, contient de nombreux anaérobies, d'où l'importance du contrôle bactériologique pour son usage.
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Écrit par
- André TURPIN : chef de service à l'Institut Pasteur, Garches
Classification
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