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TÉTHYS

La conception actuelle de la Téthys

L'historique qui précède a montré les confusions fréquentes qui ont eu lieu sur la notion de Téthys, principalement du fait de sa double connotation, biogéographique d'une part, structurale d'autre part, et, dans ce dernier cas, variant suivant les conceptions tectoniques des auteurs. Les reconstructions plaquistes ont montré la validité de cette notion, mais avec un âge différent, et ont enfin permis de tracer les contours des océans avec une précision très supérieure, dans l'espace comme dans le temps, aux limites proposées par la biogéographie. C'est donc une définition purement structurale de la Paléo-Téthys et de la Téthys alpine que nous retiendrons maintenant. La validité de celle-ci peut, en outre, être attestée par des arguments d'ordre sédimentaire et biogéographique que nous examinerons ensuite.

La Paléo-Téthys

Par opposition à la Néo-Téthys dont les restes océaniques et les marges continentales forment l'essentiel de la chaîne alpine lato sensu, nos connaissances sur la Paléo-Téthys sont beaucoup plus fragmentaires du fait de la superposition très générale des déformations alpines, mais aussi de l'âge triasico-liasique de sa fermeture, âge « intermédiaire » entre le cycle hercynien et le cycle alpin : les déformations associées ont souvent été classées « tardi-hercyniennes » ou « alpines précoces », sans que l'individualité d'une orogenèse « cimmérienne » ait été reconnue (C. Şengör, 1985). Pourtant, les témoins actuellement connus de la Paléo-Téthys se répartissent sur le flanc septentrional ou dans la chaîne alpine proprement dite, depuis la mer Noire jusqu'en Indochine.

Pour attester l'existence de la Paléo-Téthys, divers types d'arguments sont avancés : la présence de matériel ophiolitique (laves basiques, gabbros, péridotites) antéjurassique est connue en Dobroudja et paraît établie en Turquie orientale (nappe de Küre), en Iran septentrional (Talesh, Mashad), en Afghanistan (suture de Waras), au nord du Pamir, dans le Kunlunshan occidental et jusqu'aux confins birman-thaïlandais. Un témoin océanique non tectonisé de la Paléo-Téthys serait encore conservé dans la partie sud (océanique) de la mer Caspienne, selon certains auteurs russes et iraniens. Par ailleurs, la présence de faciès profonds, voire océaniques (radiolarites), et de flyschs indique clairement, par endroits, l'existence d'une ancienne zone océanique d'âge paléozoïque à mésozoïque inférieur : c'est le cas en Dobroudja (Trias pélagique et flysch nalbantien), dans le massif de la Strandja, en Turquie orientale (flysch d'Akgöl), en Afghanistan (Turkman-Farah-Rud zone, J. Blaise et al., 1978) et au nord du Pamir. Plus à l'est, le Kunlunshan et le système du Songpan-Ganzi ont été décrits comme « tardi-hercyniens » : en réalité, l'abondance des flyschs permo-triasiques, accompagnés de mélanges ophiolitiques et suivis de granitisations, jusqu'au Jurassique, incite A. M. C. Şengör à interpréter cette très vaste région comme l'assemblage de plusieurs arcs volcaniques écrasés avec leur prisme d'accrétion contre la marge sud de l'Eurasie au cours du Mésozoïque inférieur.

À l'inverse, l'identification des marges continentales de la Palaeotethys est indirecte du fait des tectonisations successives. Néanmoins, G. M. Stämpfli (1978) a montré comment on pouvait suivre, de l'Iran jusqu'en Birmanie, au cours du Paléozoïque inférieur, la naissance d'un rifting marqué par un bombement cambro-ordovicien, suivie d'émission de trapps volcaniques (au Silurien) et, localement, de faciès calcaires rouges à Nautiloïdes, caractéristiques de la marge paléo-téthysienne. La transgression du Dévonien inférieur recouvre partiellement cette[...]

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Écrit par

  • : docteur ès sciences, chargé de recherche au C.N.R.S.

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Méditerranée centrale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Méditerranée centrale

Paléo-Téthys et Néo-Téthys - crédits : Encyclopædia Universalis France

Paléo-Téthys et Néo-Téthys

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