TEXTILE
Technique
Science textile
Analyse de la fonction « textile »
La fonction « textile » se définit par des critères généraux à respecter pour l'utilisation vestimentaire. Une étoffe doit d'abord assurer une protection contre le froid ou le chaud, contre les intempéries, tout en étant relativement légère mais solide mécaniquement, souple et hygiénique (non toxique, nettoyable et/ou lavable), perméable à l'air, car les échanges gazeux se font aussi au niveau de la peau. Ensuite, l'étoffe doit plaire par son aspect et son toucher. Pour atteindre ces objectifs, la solution la plus simple consiste à mettre en œuvre les fibres assemblées et maintenues ensemble pour en faire une étoffe à caractère perméable à l'air, tout en étant bien isolante par les poches d'air emprisonnées. Composées de macromolécules linéaires non labiles et non solubles à l'eau, les fibres présentent une tenue mécanique avec une souplesse due à leur finesse, ainsi qu'une tenue physico-chimique régie par la nature des macromolécules. La finesse des fibres et leur état de surface détermine le toucher. En ce qui concerne l'aspect, mis à part un élément fort subjectif lié aux fantaisies de la mode comme la couleur, la régularité de surface et de cohésion est un élément permanent de cet aspect. La finesse des fibres est déterminante ; en effet, l'étoffe est fabriquée à partir de « fils », et l'irrégularité en « masse linéique » d'un fil est d'autant plus faible que le nombre de fibres dans la section du fil est plus élevé et par conséquent qu'elles sont plus fines. C'est pourquoi la fabrication des étoffes pour vêtements se fera longtemps encore à partir de fibres.
Structures et comportements
Au niveau primaire, il importe que les fibres soient constituées de macromolécules linéaires, sans fonction chimique toxique labile, comprenant en moyenne au moins de cinquante à cent motifs de base. La disposition de ces molécules linéaires dans la fibre, avec une orientation privilégiée dans le sens de sa longueur, conduit à une structure complexe comprenant des zones où le rangement des macromolécules, voire de tronçons de macromolécules, est maximal et rappelle la structure réticulaire d'un cristal (maille cristalline ou critallite) alternant avec des zones où elles sont désordonnées (domaine amorphe, fig. 1). Selon les lois de la thermodynamique, un corps atteint la stabilité de structure lorsque toutes les parties cristallisables sont effectivement rangées en réseau, et lorsque les parties non cristallisables atteignent un niveau de désordre maximal dans le volume disponible. Il en résulte, pour les fibres, une architecture comprenant des parties à très forte cohésion (interactions nombreuses et intenses : de Van der Waals, hydrogène, ionique, etc., entre les motifs des macromolécules rapprochées au maximum) au milieu de parties à cohésion lâche (interactions discrètes). Cette même macromolécule peut appartenir par certains tronçons aux domaines cristallins (fig. 1a) et par d'autres aux domaines amorphes (fig. 1b). Par ailleurs, notamment dans le cas de très longues macromolécules (comme celles de la cellulose des fibres naturelles qui atteignent en déploiement total de 1 à 2 micromètres), l'alignement, dans le sens de la longueur de la fibre, de parties cristallines prédispose à la formation de fibrilles lorsqu'on soumet par exemple en préparation microscopique une fibre à une sollicitation de compression. Dans le cas d'une fibre naturelle comme un poil animal, formé à partir de plusieurs cellules initiales compactées lors de la formation de la fibre sortant du derme, cette organisation fibrillaire et cellulaire peut également se retrouver dans l'architecture de la fibre.
La forme de la section des fibres est déterminée par son origine. Ainsi, la[...]
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Écrit par
- Eugène AMOUROUX : ancien directeur de l'École nationale supérieure des arts et industries textiles
- Jean-Yves DRÉAN : docteur ingénieur, docteur ès-sciences, directeur du Laboratoire de physique et mécanique textiles, université de Haute-Alsace, Mulhouse
- Claude FAUQUE : auteure, consultante culturelle, historienne du textile
- André PARISOT : ancien directeur du laboratoire de chimie de l'Institut textile de France, Paris
- Marc RENNER : docteur-ingénieur, docteur ès sciences, directeur de l'École nationale supérieure des industries textiles de Mulhouse
- Richard A. SCHUTZ : docteur-ingénieur, docteur ès sciences, professeur en sciences textiles, directeur honoraire de l'École nationale supérieure des industries textiles de Mulhouse
Classification
Médias
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