MBEKI THABO MVUYELWA (1942- )
Deuxième président de la République sud-africaine postapartheid (de 1999 à 2008), Thabo Mbeki est né le 18 juin 1942 à Idutywa, au Transkei (dans la province actuelle du Cap-Est), au sein de l'ethnie xhosa. Il est le fils de Govan Mbeki, un des leaders de l'African National Congress (ANC) et ancien prisonnier politique de Robben Island (1963-1987) avec Nelson Mandela.
Influencé par son père et par le contexte politique dans lequel il vit, Mbeki fait très tôt ses premiers pas dans la lutte antiapartheid. Lycéen à Lovedale (Cap-Est), il participe à diverses grèves estudiantines contre la loi de 1954 qui imposait aux Noirs une éducation ségréguée. Dès 1956, il adhère à la Ligue des jeunes de l'ANC. Pour ses premières actions contre le régime d'apartheid, il est renvoyé de son établissement scolaire. En 1961, il fonde l'Association des étudiants africains, une organisation d'étudiants pro-ANC, qui est interdite en 1962. Durant ces deux années, il agit en tant que secrétaire de l'organisation et mobilise les étudiants dans les établissements scolaires contre le système d'apartheid.
Ses capacités d'organisateur politique lui valent d'être reconnu par ses pairs (Walter Sisulu, Nelson Mandela, Oliver Tambo et son père Govan Mbeki) et présagent déjà de sa future élection. Au lendemain de l'arrestation, en 1961, des plus hauts responsables politiques de l'ANC, il quitte le pays sur ordre de l'organisation, interdite depuis l'année précédente. Après avoir commencé ses études supérieures par correspondance avec l'université de Londres, il les poursuit, à partir de 1962, à l'université du Sussex (Royaume-Uni) où il obtient un diplôme de troisième cycle en économie (1966). Son exil politique dure près de trente ans (de 1962 à 1990).
Après un passage au bureau londonien de l'organisation, il est envoyé en 1970 en URSS, pour recevoir un entraînement militaire et une formation à l'Institut des sciences sociales à Moscou ; à son retour, il rentre dans la branche armée de l'ANC. En 1971-1972, il travaille comme secrétaire assistant au Comité révolutionnaire de l'ANC, qui a pour tâche d'assurer le suivi des actions de la branche armée, depuis Lusaka (Zambie).
Entre 1974 et 1978, il fait le tour de plusieurs pays africains – Botswana, Swaziland (auj. Eswatini) et Nigeria – afin de négocier l'ouverture de bureaux du Congrès sur leur territoire. Il est ensuite secrétaire politique d'Oliver Tambo, le président de l'ANC en exil, dont il écrit régulièrement les discours (1978-1984). De 1984 à 1989, il travaille à la direction de l'information et de la propagande de l'organisation.
Au milieu des années 1980, au cours des négociations secrètes engagées entre l'ANC et le pouvoir sud-africain, Thabo Mbeki joue un rôle majeur dans les réunions organisées entre le Congrès et des représentants du gouvernement, des intellectuels afrikaners ainsi que des hommes d'affaires sud-africains, qui sont impressionnés par sa courtoisie et son sens de la diplomatie. Après la légalisation de l'ANC en février 1990, Thabo Mbeki revient en Afrique du Sud et fait partie de la délégation qui signe les premiers accords de paix avec Pretoria (mai 1990-février 1991). Membre de la Convention pour une Afrique du Sud démocratique (Codesa), constituée en décembre 1991 par les représentants de tous les partis politiques, du gouvernement et des bantoustans et dont le but est d'organiser la transition des pouvoirs, il participe au processus qui aboutit aux premières élections démocratiques et multiraciales en Afrique du Sud, et à la victoire de son parti en avril 1994.
En mai 1994, il est nommé vice-président de la République par Nelson Mandela et, en décembre, il est élu vice-président du mouvement antiapartheid, après avoir occupé la[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marianne SÉVERIN : docteur en science politique, Centre d'étude d'Afrique noire, Institut d'études politiques de Bordeaux
Classification
Média
Autres références
-
AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD
- Écrit par Ivan CROUZEL , Dominique DARBON , Benoît DUPIN , Encyclopædia Universalis , Philippe GERVAIS-LAMBONY , Philippe-Joseph SALAZAR , Jean SÉVRY et Ernst VAN HEERDEN
- 29 784 mots
- 28 médias
La présidence constitue le cœur du pouvoir exécutif.Après le mandat de Nelson Mandela, Thabo Mbeki (président de 1999 à 2008) a réformé et professionnalisé l'exécutif afin d'en améliorer l'efficacité. Il a renforcé le contrôle présidentiel sur le gouvernement et l'administration composée d'environ... -
ZIMBABWE
- Écrit par Daniel COMPAGNON , Encyclopædia Universalis , Philippe GERVAIS-LAMBONY et Franck MODERNE
- 16 889 mots
- 8 médias
...l'Union africaine et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont les observateurs ont avalisé tous les scrutins depuis 2000. Le président sud-africain Thabo Mbeki, sur lequel repose l'espoir de Tony Blair et de George W. Bush d'un retour à la normale, refuse de critiquer publiquement... -
ZUMA JACOB (1942- )
- Écrit par Benoît DUPIN et Encyclopædia Universalis
- 1 427 mots
- 1 média
Militant et homme politique sud-africain, président de la République de 2009 à 2018.
Figure controversée de la nouvelle Afrique du Sud, fils du peuple, autodidacte, polygame et père de dix-huit enfants, militant de longue date de la lutte anti-apartheid et représentant de l'aile gauche du Congrès...