THAÏ
Divisions des Thai
Groupes ethniques minoritaires
Le berceau du groupe ethnique est le sud de la Chine (région du Guangdong et du Guangxi) où l'on retrouve encore des témoignages des plus anciens dialectes. De là, les Thai se sont répandus au nord et à l'ouest, recherchant les vallées hautes, vraisemblablement après avoir subi une poussée de la part de nouveaux arrivants plus puissants : les Han (« Chinois » proprement dits). À l'origine, les Thai ne seraient donc pas des montagnards et leurs excellentes techniques de rizières permanentes et d'irrigation paraissent bien le confirmer. Poursuivant leur expansion vers l'ouest, ils ont trouvé en descendant les vallées du Mékong et du Ménam des zones d'implantation très favorables. Leur établissement y est clairement attesté au xiiie siècle. Les derniers éléments thai ont atteint l'Assam.
Leur répartition en 1992 était d'une extrême complexité. Les plus anciens groupes (de langues dites kadai) sont : les Mulao, les Gelao, les Lagua, situés dans les provinces chinoises du Guangxi et du Guizhou, et les Li (ou Dai) de l'île de Hainan. Ils sont au total environ un million d'individus.
Puis viennent les Zhuang (16 millions), largement majoritaires dans la région autonome du Guangxi. Plus au nord, les Bu yi (ou Dioi, 2,7 millions), les Dong et les Shui (1,5 million), dans les provinces du Guizhou et du Hunan.
Partie sur les confins chinois, partie au Vietnam, on trouve les Niang (ou Giây), les Nung et les Thô (qui ont pu noter leurs langues en caractères chinois). Puis, les Thai « blancs », « noirs », « rouges » (d'après la couleur du vêtement traditionnel féminin), « du Nord » (Thai Neua), qui connaissent une écriture d'origine indienne, probablement par l'intermédiaire des Khmers. On peut estimer qu'ils sont environ 1,3 million.
Au Laos, parmi les minorités, on rencontre encore des Thai « noirs », des Thai « du Nord », des Phou Eun, des Lu, des Yuan. On retrouve ces deux dernières populations en Thaïlande.
Enfin, de nombreux Shan (3,6 millions) sont implantés en Birmanie (ils ont emprunté l'écriture birmane), ainsi que des Khamti, que l'on retrouve en Assam. Dans ce dernier pays, il existe encore des Ahom, d'origine thai, qui ont abandonné leur langue. Le nombre des « langues » thai ainsi que des « dialectes », augmenté de quelques éléments môn-khmer, austro-asiatiques ou tibéto-birmans attesté sur le territoire linguistique de la Thaïlande et des ses confins atteint 74 parlers vivants.
Le Thai a su habilement aménager les petits bassins montagneux pour sa culture principale, le riz « gluant », en rizières permanentes. Un système ingénieux de fossés, de conduites de bambou et de norias permet une utilisation efficace de l'eau. Sur brûlis de forêts, il cultive encore du riz, puis du maïs, du sésame, du soja, des patates, des ignames. Il plante des arbres fruitiers (bananiers, jaquiers, pruniers, manguiers, abricotiers, pêchers). Il pêche au filet, à la ligne, à la nasse, au poison, et élève parfois des carpes en mare et en rizière. Il a longtemps chassé l'éléphant, l'ours et le daim. L'artisanat thai comprend la vannerie, la poterie, le filage, le tissage et la teinture du coton, le travail de l'argent, parfois la construction de pirogues (notamment chez les Thai blancs). La maison traditionnelle est construite sur pilotis, avec une étable au sol pour les buffles, les chevaux et les porcs, et le logement à l'étage. Le bambou écrasé et tressé est très utilisé. Une terrasse prolonge à l'extérieur la surface habitée. On pénètre dans une salle de réception, qui abrite l'autel rituel et un foyer de terre ; lui font suite de petites pièces privées, enfin une grande cuisine où se tiennent femmes et enfants.
L' organisation sociale est aristocratique[...]
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Écrit par
- Guy MORÉCHAND : membre de l'École française d'Extrême-Orient
- Solange THIERRY : chargée du département Asie au musée de l'Homme, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
Classification
Médias
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