THANATOMANIE
Décrite par Marcel Mauss dans son étude intitulée Définition de la suggestion collective de l'idée de mort, la thanatomanie est un comportement par lequel, dans une société primitive (notamment en Australie et en Nouvelle-Zélande), un individu qui a péché ou croit avoir péché et qui est enchanté ou se croit enchanté se laisse mourir, souvent très vite, parfois à une heure qu'il a prévue.
Selon Mauss, pour qui ce comportement est caractérisé par une action directe du social sur le psychique, c'est le désaccord entre l'individu et la société qui enlève à celui-ci sa raison de vivre, lui fait nier ses propres instincts de conservation et de vie, au point qu'il meurt sans maladie apparente. L'appui psychologique de la société religieuse dont il fait partie lui ayant été enlevé, il ne croit plus possible de continuer à vivre, le processus suicidaire et ses motivations demeurant toutefois inconscients. Dans ces conditions un individu blessé, même légèrement, par une lance qu'il croit enchantée, n'a plus aucune chance de se rétablir. Il en est de même s'il se casse une jambe, mais il se rétablira rapidement à partir du jour où il aura fait la paix avec les règles qu'il a violées. On peut rattacher à cette thanatomanie l'amok malais qui fait que, pour venger la mort de l'un de leurs proches, des individus « courent l'amok » et tuent le plus grand nombre possible de gens jusqu'à ce qu'ils soient eux-mêmes exécutés. Les travaux de Mauss sur ce problème sont à l'origine de nombreuses recherches de psychologie sociale et d'ethnopsychiatrie (G. Roheim, R. Bastide, M. Foucault).
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Écrit par
- Yvan BARBÉ : ethnologue
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