The coo coo bird, ASHLEY (Clarence)
Venus en Amérique par vagues successives, les colons irlandais et écossais tentent, malgré les dures réalités de la vie dans le Nouveau Monde, de conserver leurs traditions, qu'ils opposent aux manières «à l'anglaise» de la bourgeoisie yankee naissante. La musique fait évidemment partie de ce bagage ancestral mais, malgré son conservatisme, elle a du mal à se préserver des influences extérieures: l'utilisation du banjo, par exemple, instrument aux origines africaines avérées – il dérive du bania de l'Afrique occidentale –, peut paraître étonnante.
Avec son rythme d'air de danse, cette chanson est typique d'un style country montagnard. Issue d'une mélodie et de paroles bien connues dans le Sussex, en Angleterre, elle met en évidence l'évolution du matériau thématique par le jeu de transformations et de réappropriations successives. On appréciera le jeu expert et sautillant du banjo, guidé par une construction harmonique simple, avec une chanterelle jouée au pouce, ainsi que le timbre nasillard de la voix avec ses ambiguïtés majeur-mineur. Cette forme linéaire, sans vrai refrain, sera souvent reprise dans les protest songs (Bob Dylan), dont les textes iront plus loin que les sous-entendus et les métaphores bucoliques.
Au début du xxe siècle, le répertoire des folksongs était diffusé par des musiciens itinérants dont la professionnalisation ne fait aucun doute. C'est le cas de Clarence Ashley (1895-1967), qui a également enregistré sous le nom de Tom Ashley; appartenant aux circuits des medicine shows de 1913 à 1943, il sera redécouvert dans les années 1960 à la faveur du revival de ce style de la musique country, parfois appelé old time country.
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Écrit par
- Eugène LLEDO : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore