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THE CROWN, série télévisée

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La série britannique The Crown, conçue par le scénariste et dramaturge britannique Peter Morgan, a été diffusée par Netflix, de novembre 2016 à décembre 2023, après avoir été proposée aux plus prestigieuses chaînes du câble américain. L’engagement à long terme de cette plateforme de vidéo à la demande, alors fraîchement lancée sur le marché des séries originales, a bouleversé le modèle international d’acquisition télévisuel. En effet, Netflix a défié toute concurrence en commandant de front deux saisons de The Crown, chacune étant composée de dix épisodes d’une heure financés à hauteur de plus de 10 millions de dollars l’unité. Il en ira de même pour les quatre saisons suivantes, également commandées par paires, sans prise en compte apparente des chiffres d’audience.

Spécialiste de l’histoire de la famille royale britannique, Peter Morgan, était déjà l’auteur du scénario du long-métrage The Queen (2006), réalisé par Stephen Frears,et de la pièce The Audience (2013), qui narrait les entretiens de la reine Élisabeth II avec ses Premiers ministres. À travers la série The Crown, présentée d’emblée comme une œuvre de soixante heures, l’ambition de son créateur était de retracer soixante ans de monarchie (de 1947 à 2005), à raison d’une décennie environ par saison, en se focalisant sur la famille royale britannique. Pour atteindre cet objectif, la distribution d’acteurs a été renouvelée (essentiellement pour les rôles principaux) toutes les deux saisons. Élisabeth II est ainsi interprétée successivement par Claire Foy (saisons 1 et 2), Olivia Colman (saisons 3 et 4) et Imelda Staunton (saisons 5 et 6). De même, nous voyons vieillir Philip, le duc d’Édimbourg, la princesse Margaret, la reine mère Élisabeth, auxquels se joignent (à compter de la saison 3) la princesse Anne, le prince Charles, puis Diane Spencer (saison 4). À travers eux, c’est toute l’histoire d’une nation accrochée à sa royauté comme pour conjurer la perte de repères et l’aggravation de la fracture sociale qui est relatée.

Les soubresauts de l’histoire

The Crown s’apparente à un roman national, et même international, puisque ses frontières s’étendent à celles du Commonwealth, dont le récit suit un cours extrêmement feuilletonnant. Du mariage d’Élisabeth et de Philip, en 1947, à celui du prince Charles avec Camilla Parker Bowles, en 2005, toutes les grandes pages de l’histoire de la monarchie britannique sont évoquées : le décès du roi George VI et le couronnement d’Élisabeth qui suivit, la démission de Winston Churchill de son poste de Premier ministre (saison 1) ; la crise du canal de Suez (saison 2) ; l’investiture de Charles en tant que prince de Galles (saison 3) ; le mandat ministériel de Margaret Thatcher, le mariage de Charles avec Diana Spencer (saison 4) ; leur séparation et leur divorce quinze ans plus tard, la rétrocession de Hong Kong à la Chine, en 1997 (saison 5) ; le mandat ministériel de Tony Blair, l’accident fatal de Lady Di et de Dodi al-Fayed sous le pont de l’Alma à Paris, la rencontre entre le prince William et Kate Middleton, et l’union finalement consentie par la reine entre Charles et Camilla (saison 6).

Au-delà de l’engagement de Netflix, la longévité de la série tient en grande partie à sa construction. Si l’on sait d’avance que telle union va avoir lieu et que telle trahison va l’entacher, l’enjeu dramaturgique de The Crown consiste à faire vivre au spectateur les événements de l’intérieur, en ce qui s’apparente à un temps présent. Ce mode de lecture synchronique vise à replacer chaque événement dans le contexte de l’époque, ce qui permet d’appréhender le fait marquant au moment où il se présente. L’épisode « Moondust » (« Poussière de lune », saison 3, épisode 7) dépeint ainsi les premiers pas de l’homme sur la Lune et la fascination de Philip envers l’équipage[...]

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Écrit par

  • : docteur en études cinématographiques et audiovisuelles, chargé de cours à l'université de Lille

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