THE CROWN, série télévisée

L’exercice du pouvoir

De tels changements d’énonciation, laissant provisoirement la reine en arrière-plan (ce qui s’accentue lors des deux dernières saisons), justifient pleinement le passage de « The Queen » à « The Crown », soit de l’incarnation à l’exercice du pouvoir. À l’image du générique de la série, montrant la couronne qui se matérialise progressivement, l’œuvre de Peter Morgan souligne que le pouvoir est un ouvrage qu’il faut sans cesse remettre sur le métier, quand bien même il se transmet de génération en génération et peut sembler irrévocable. Entretenant un rapport ambivalent à la réalité, The Crown rejette toute soumission hagiographique, privilégiant l’humanisation de la famille Windsor et de son entourage plutôt que le respect des discours officiels, ce qui lui vaudra des attaques en affabulation et poussera Netflix à signaler, à partir de la cinquième saison, que la série est bel et bien une « fiction ».

De la fiction à la réalité, il n’y a cependant souvent qu’un pas. Le 8 septembre 2022, la reine Élisabeth II mourait à l’âge de quatre-vingt-seize ans. Quelques jours plus tôt débutait la production de la sixième et dernière saison de The Crown (le tournage sera même interrompu au moment du décès de la reine). Ou comment redonner vie, à travers la fiction, à un symbole quasi centenaire de la majesté et du déclin de la monarchie britannique.