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THE GILDED AGE, série télévisée

<em>The Gilded Age</em>, J. Fellowes - crédits : HBO

The Gilded Age, J. Fellowes

L’« âge d’or » que décrit la série télévisée The Gilded Age est celui du New York d’après la guerre de Sécession, alors que s’ouvre une période de paix et de prospérité pour la riche bourgeoisie de la côte Est. Le récit débute en 1882 : Marian Brook (Louisa Jacobson), jeune femme démunie après le décès d’un père peu prévoyant, se voit contrainte de quitter sa Pennsylvanie natale pour aller vivre à New York chez ses tantes aristocrates, l’intraitable Agnes van Rhijn (Christine Baranski) et sa sœur plus docile, Ada Brook (Cynthia Nixon). Accompagnée de Peggy Scott (Denée Benton), jeune écrivaine afro-américaine recrutée par Agnes en tant que secrétaire, Marian va se retrouver mêlée à une lutte d’influence entre les van Rhijn-Brook et une famille concurrente placée sous l’égide du magnat des chemins de fer George Russell (Morgan Spector) et de son épouse encore plus ambitieuse, Bertha (Carrie Coon). Une autre guerre est déclarée : celle du faste et de la reconnaissance par ses pairs.

The Gilded Age est une série de l’auteur britannique Julian Fellowes, membre de la Chambre des lords et du Parti conservateur, récompensé de l’oscar du meilleur scénario original pour Gosford Park (Robert Altman, 2001). Il collabore ici avec la chaîne américaine HBO, après avoir envisagé The Gilded Age comme un prequel de sa série britannique Downton Abbey (ITV, 2010-2015). Si cette filiation n’est finalement pas retenue, The Gilded Age renoue dès ses premiers instants avec le tumulte, l’agitation et la légèreté qui caractérisaient déjà Downton Abbey, série à succès centrée sur une famille de l’aristocratie menant une vie de château dans le Yorkshire entre 1912 et 1926. À la manière de Jean Renoir dans La Règle du jeu (1939), Fellowes accorde de nouveau – quoique de façon moins équilibrée – une place notable au « petit personnel » qui s’active dans les cuisines, les chambres ou les remises, du chef cuisinier, monsieur Baudin, qui déplore le manque de considération dont il est victime, à la servante, miss Turner, qui se lamente de la dissolution des valeurs aristocratiques ayant permis à l’Amérique de se civiliser. Racisme et rejet de l’homosexualité sont également au programme du pilote de The Gilded Age, d’une durée exceptionnelle de 1 h 20 (contre 46 à 62 minutes pour les autres épisodes).

Le goût de l’ostentatoire

Initialement destinée à la chaîne américaine NBC, The Gilded Age détonne en comparaison des productions habituelles de la chaîne câblée HBO qui la produit : elle ne contient en effet ni sexe, ni violence, ni langage indécent. Son goût prononcé du luxe et de l’ostentatoire la place en outre aux antipodes de productions autrement plus engagées sur le plan social – comme celles que développent, depuis plus de deux décennies, David Simon, de The Corner (2000) et The Wire (2002-2008) à Show Me a Hero (2015) et WeOwn This City (2022). The Gilded Age peut certes être rapprochée de Gentleman Jack, autre série de la chaîne premium (en coproduction avec BBC One, 2019-2022) dont le récit, lui aussi situé au xixe siècle, fonde l’essentiel de sa dramaturgie sur le poids des convenances et ce qu’il en coûte de les enfreindre. Mais Julian Fellowes pousse à l’extrême la spectacularisation des hôtels particuliers où déambulent ses nombreux personnages, en s’appuyant sur un montage rapide en ouverture de scène, des mouvements flottants de caméra et des mélopées « violonesques » aux accents victoriens – Michael Engler et Salli Richardson-Whitfield se partagent la réalisation.

Bavarde à l’extrême, la série pousse continuellement ses protagonistes à annoncer les actes qu’ils s’apprêtent à accomplir, aussi insignifiants soient-ils. Ainsi, The Gilded Age applique à soi-même le protocole que suivent scrupuleusement ses figures de premier plan. Qui dit protocole dit en effet[...]

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Écrit par

  • : docteur en études cinématographiques et audiovisuelles, enseignant contractuel à l'université Paul-Valéry-Montpellier III

Classification

Média

<em>The Gilded Age</em>, J. Fellowes - crédits : HBO

The Gilded Age, J. Fellowes