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THE GILDED AGE, série télévisée

Un jeu sans conséquence

Julian Fellowes n’est pas de ces auteurs qui cherchent constamment à entretenir le suspense, à faire miroiter des réponses qui finiront peut-être par arriver. Il choisit plutôt de multiplier les points de vue, de confronter des opinions divergentes. Entre ancien et nouveau mondes, maîtres et employés, Blancs et Noirs, The Gilded Age tente ouvertement d’éviter les discours trop unilatéraux et les représentations trop homogènes. Mais la série le fait sur le ton de la connivence, du clin d’œil complice adressé à son public. Il ne s’agit pas, tels Norman Lear (All in the Family, 1971-1979), Steven Bochco (Capitaine Furillo, 1981-1987), Michael Crichton ou John Wells (Urgences, 1994-2009), d’éveiller les consciences en bousculant les idées reçues du public. Le ton se veut plus compassé, ce qui inscrit davantage The Gilded Age dans le sillage de la jiggletelevision (« télévision frivole ») de la fin des années 1970, à cette différence près que les traits d’esprit remplacent les tenues affriolantes.

Il n’en reste pas moins une profusion de piques mesquines, de commérages empreints de jalousie, de rivalités amoureuses ou professionnelles (voire les deux en même temps), de jeux de possession ou, bien souvent, d’émancipation, de subterfuges destinés à obtenir gain de cause, de vexations et d’offenses bien méritées, ou encore de cours facétieuses et de conflits rhétoriques opposant snobisme et ingénuité. Pimpante ou pompeuse, The Gilded Age se nourrit de cette ambivalence fondamentale. Suivant les mots prononcés par le majordome Bannister dans le premier épisode de la série, « un peu d’agitation ne nous fera pas de mal ». Tout ceci n’est donc qu’un jeu – de riches, certains diront de dupes, en tout cas un jeu de tact, de prestige et de distinction, comme les affectionne tant le baron Julian Fellowes.

— Benjamin CAMPION

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Écrit par

  • : docteur en études cinématographiques et audiovisuelles, enseignant contractuel à l'université Paul-Valéry-Montpellier III

Classification

Média

<em>The Gilded Age</em>, J. Fellowes - crédits : HBO

The Gilded Age, J. Fellowes