THE MARKET FOR LEMONS : QUALITY UNCERTAINTY AND THE MARKET MECHANISM, George A. Akerlof Fiche de lecture
George Akerlof, économiste américain né en 1940 à New Haven (Connecticut), s'intéresse, à la fin des années 1960, à la suite de son doctorat d'économie au M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology), aux fluctuations de production et d'emploi dans le secteur de l'automobile. Selon lui, la volatilité des achats de voitures peut provenir des difficultés de revente : sur le marché des voitures d'occasion, les acheteurs pâtissent, en effet, d'une asymétrie d'information par rapport aux vendeurs qui connaissent évidemment mieux qu'eux la qualité des produits vendus. Le prix moyen, résultant de l'incertitude sur la qualité, décourage les vendeurs de bonnes occasions dont la valeur est supérieure à ce prix, tant et si bien que les mauvaises voitures peuvent finir par évincer les bonnes : le marché est affecté par un phénomène d'anti-sélection ou sélection adverse (adverse selection).
Akerlof prend conscience du fait qu'un certain degré de sélection adverse est potentiellement présent sur tous les marchés. Ses travaux de recherche s'orientent dès lors vers l'application de ce concept à des champs économiques très variés, et seront couronnés par l'obtention du prix Nobel d'économie en 2001, partagé avec Joseph Stiglitz et Michael Spence pour leurs apports parallèles dans le domaine de l'information imparfaite. C'est néanmoins grâce à son célèbre article « Market for Lemons : Quality Uncertainty and the Market Mechanism » (Le Marché des « tacots » : incertitude sur la qualité et mécanisme de marché), publié en 1970 dans le Quarterly Journal of Economics, qu'on lui attribue la paternité de cette notion novatrice.
Le phénomène d'anti-sélection : un champ d'application immense
Dans son article, Akerlof traite du problème d'informations asymétriques dont peuvent disposer les agents sur un marché et des conséquences néfastes que cela peut avoir. Le marché des voitures d'occasion lui permet d'illustrer son propos. Il part de l'observation flagrante qu'une voiture perd de la valeur dès qu'elle n'est plus totalement neuve. Les discussions de comptoir expliquent ce fait simplement par le plaisir de posséder une nouvelle voiture : « The usual lunch table justification for this phenomenon is the pure joy of owning a new car. » Akerlof propose une autre explication. Selon lui, le prix beaucoup plus faible payé pour une voiture d'occasion vient du fait que les acheteurs ont peu d'informations sur la qualité de la voiture vendue, contrairement aux vendeurs qui connaissent leur voiture pour l'avoir utilisée. Or les « bonnes occasions » et les « tacots » sont évalués au même prix. À ce prix moyen, les propriétaires des « bonnes occasions » refusent de vendre, tandis que les propriétaires de tacots voient là une véritable aubaine. Mais, en se portant vendeurs à ce prix, ces derniers signalent la mauvaise qualité du bien qu'ils offrent. En conséquence, les acheteurs potentiels révisent leur offre à la baisse. Au nouveau prix moyen qui se fixe, les vendeurs sont les propriétaires de voitures d'encore plus mauvaise qualité. De nouveau, le prix que sont prêts à payer les demandeurs se réduit, et ainsi de suite. Ce phénomène d'anti-sélection peut donc aboutir à la disparition du marché. C'est ce que démontre le modèle mathématique développé par Akerlof.
Les exemples utilisés dans la suite de l'article établissent le large champ d'application de cette l'analyse. Dans le domaine de l'assurance, le demandeur a plus d'informations sur les risques que l'assureur, si bien que, par exemple, les personnes âgées ne trouvent pas à s'assurer, les compagnies les considérant comme des catégories trop risquées. L'emploi des minorités fournit une autre illustration des incidences[...]
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Écrit par
- Ariane TICHIT : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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Autres références
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AKERLOF GEORGE A. (1940- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 414 mots
Économiste américain, lauréat en 2001 du prix Nobel d'économie avec Michel Spence et Joseph Stiglitz pour leurs travaux sur les marchés à information asymétrique.
Né le 17 juin 1940 à New Haven (Connecticut), George A. Akerlof obtient sa licence à Yale en 1962 et son doctorat à l'Institut...
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MICROÉCONOMIE - Incitations et contrats
- Écrit par Bernard SALANIÉ
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...qualité de ce bien qui est meilleure que celle dont disposent les acheteurs éventuels. Un exemple célèbre dû à George Akerlof en 1970 décrit le marché des voitures d'occasion. Supposons, pour simplifier, qu'il n'existe que deux types de voitures sur ce marché : les bonnes et les mauvaises occasions. Chaque...