Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VELVET UNDERGROUND THE

L'histoire vivante du Velvet Underground couvre quatre années à peine et les quelques albums qui en sont issus sont passés inaperçus au moment de leur parution ; c'est plus tard que le groupe a accédé à la légende. Entre 1966 et 1969, le Velvet fut cependant le lieu d'une des révolutions musicales les plus extraordinaires du xxe siècle.

New York, 1964 : l'Américain Lou Reed (1942-2013) vient de finir ses études en littérature anglaise et végète dans une petite maison de disques qui lui demande de recruter des musiciens pour des animations commerciales. John Cale (né en 1942), un Gallois venu aux États-Unis pour étudier la musique auprès de John Cage et de Iannis Xenakis, se présente à lui : la négociation d'embauche traîne en longueur, jusqu'au moment où Lou Reed lui présente le morceau Heroin qu'il vient d'écrire. Cale est immédiatement enthousiaste. Amoureux des mots, passionné de poésie et de littérature, Lou Reed livre sa guitare aux formes binaires du rock et du folk ; John Cale joue de l'alto et du piano, de la basse aussi, et il aime l'atonalité, la distorsion et les musiques expérimentales. Reed et Cale s'adjoignent assez rapidement Maureen « Moe » Tucker (née en 1945), étrange batteuse qui joue debout sur des tambours plutôt rudimentaires. Le guitariste Sterling Morrison (Holmes Sterling Morrison Jr., 1942-1995) les rejoint en 1965. Ils empruntent le nom de leur groupe, The Velvet Underground, au titre d'un livre consacré aux perversions sexuelles aux États-Unis.

Andy Warhol et le Velvet Underground - crédits : Herve Gloaguen/ Gamma-Rapho/ Getty

Andy Warhol et le Velvet Underground

Lourdes galères, petits contrats. Tandis qu'ils achèvent une prestation au Café Bizarre de Greenwich Village, le cinéaste Paul Morrissey et Gerard Malanga, deux associés d'Andy Warhol alors très en vue sur la scène artistique new-yorkaise, leur proposent de rencontrer le patron de la Factory. Nous sommes au début de 1966. Warhol les engage pour l'accompagnement de ses expositions et intègre au groupe la chanteuse allemande Nico (Christa Päffgen, 1938-1988), qui apparaît sur scène vêtue de blanc tandis que les musiciens portent tenues et lunettes noires. De cette rencontre cruciale entre l'art et le cinéma américains d'avant-garde, le rock et une poésie voisine de la beat generation, dans la religion des amphétamines et des déviances du sexe, naît l'album The Velvet Underground & Nico (Verve, début de 1967), avec des titres qui seront plus tard les références obligées de la contre-culture des années 1960 : Heroin, Venus in Furs, I'mWaiting for the Man, SundayMorning... La pochette, restée célèbre, représente une banane peinte par Warhol. Échec commercial, renouvelé avec le deuxième album, White Light/White Heat(fin de 1967), produit cette fois-ci par Steve Sesnik, sans Nico. On y entend des morceaux comme The Gift, I Heard Her Call My Name et, surtout, Sister Ray, chef-d'œuvre de 17 minutes enregistré en une seule prise, qui traduit l'essence musicale du groupe. Le tissu rythmique et sonore propre au Velvet est déjà là et n'évoluera guère. Puissant et envoûtant, triste, résigné ou désinvolte, subversif dans la radicalité des paroles de désespérance urbaine, il allie un rock agressif (Reed) avec une aventure bruitiste et atonale (Cale) proche du free jazz parfois.

Le groupe est néanmoins miné par le heurt violent d'ego mégalomaniaques : Andy Warhol a cessé de trouver l'expérience intéressante, Cale et Reed sont en conflit permanent et le second met brutalement le premier à la porte en septembre 1968 pour le remplacer par Doug Yule (né en 1947). Certains morceaux du troisième disque, The Velvet Underground (1969), sont de qualité, notamment dans la rêverie intimiste de Pale Blue Eyes. Cette année 1969 est d'ailleurs marquée par des enregistrements excellents qui ne paraîtront en albums que plus tard (1969. The Velvet Underground[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

Andy Warhol et le Velvet Underground - crédits : Herve Gloaguen/ Gamma-Rapho/ Getty

Andy Warhol et le Velvet Underground

Autres références

  • IGGY POP (1947- )

    • Écrit par
    • 331 mots

    Premier vrai chanteur punk de l'histoire de la musique, Iggy Pop a profondément marqué l’évolution du rock. L’Américain, de son vrai nom James Newell Osterberg Jr., naît le 21 avril 1947 à Ypsilanti (Michigan). En 1967, il adopte le nom de Iggy Stooge lorsqu'il forme le groupe Psychedelic Stooges....

  • I'm sticking with you, VELVET UNDERGROUND

    • Écrit par
    • 556 mots

    Le groupe américain The Velvet Underground a exercé une influence majeure sur l'histoire du rock alors qu'il n'a paradoxalement connu qu'une audience confidentielle dans sa période d'activité, qui s'étend de 1965 à 1970.

    En 1964, le compositeur, guitariste et chanteur...

  • REED LOU (1942-2013)

    • Écrit par
    • 1 364 mots
    • 1 média

    Lou Reed (Lewis Alan Reed, né le 2 mars 1942 et mort le 27 octobre 2013 à New York) a contribué à faire accéder le rock au rang d'une expression musicale adulte, violente et maîtrisée, complexe, lumineuse et désespérée, en réalisant un syncrétisme inédit des musiques populaires américaines, des avant-gardes...