CORENT THÉÂTRE DE, archéologie
Une aire de fouille ouverte en 2011 à proximité immédiate du sanctuaire gallo-romain de Corent, dans le Puy-de-Dôme, a mis en évidence l'existence d'un petit théâtre d'époque romaine, qui n'avait jamais été repéré jusqu'à ce jour. Adossé au cône d'éruption qui a engendré le plateau, il se caractérise par un mur périmétral de forme quadrangulaire d'environ 41 mètres de côté, encadrant un parterre (orchestra) en forme de fer à cheval et un bâtiment de scène rectangulaire. De la partie réservée aux spectateurs (cavea) ne subsiste qu'un podium empierré et les trous d'implantation de poteaux supportant les gradins en bois. Les niveaux de destruction piégés dans l'hémicycle ont livré des fragments de décor du mur de scène et un riche mobilier qui permet de dater la fréquentation de l'édifice entre le début du ier et la fin du iie siècle apr. J.-C.
Le démontage du podium de la cavea romaine a mis au jour les traces d'un édifice plus ancien, daté de la fin de l'époque gauloise. Il se présente sous la forme d'un hémicycle creusé dans le sol naturel, revêtu d'un cailloutis mêlé de fragments d'amphores. Son plan en fer à cheval est identique à celui de l'orchestra romaine. Son pourtour est longé par plusieurs tranchées rectilignes et parallèles correspondant à des empreintes de poutres, de planches et de poteaux qui supportaient sans doute des gradins en bois. D'autres trous de poteau de plus gros module semblent indiquer que l'édifice était couvert ou semi-couvert. Le sol de l'hémicycle est jonché de céramiques et d'objets caractéristiques des premières phases d'occupation du site, à la charnière des iie et ier siècle av. J.-C.
La superposition de ces deux constructions d'époque gauloise et romaine ainsi que leur analogie de plan invitent à voir dans la première le « prototype » d'une vaste série d'édifices de spectacle et de réunion dont les plus anciens exemples connus à ce jour n'étaient pas antérieurs, en Gaule, au règne d'Auguste. Situé au cœur d'une grande ville gauloise qui pourrait être identifiée comme la capitale du peuple arverne au ier siècle av. J.-C., cet édifice couvert a vraisemblablement servi de lieu d'assemblée politique ou civique, plus proche du bouleuterion grec ou de la curie romaine que du théâtre classique.
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Écrit par
- Matthieu POUX : professeur des Universités, université de Lyon-II-Lumière
Classification
Média