THÉÂTRE NATIONAL DE CHAILLOT
Sur l'emplacement de l'ancien palais du Trocadéro (1878-1935), le palais de Chaillot fut inauguré en 1937 à l'occasion de l'Exposition internationale. Construit par les architectes Jacques Carlu, Louis Boileau et Léon Azema, il abritait une salle-auditorium (aménagée par les frères Niermans) totalement enterrée de 2 700 places, avec un parterre à gradins et un balcon en porte à faux.
Durant plus d'une décennie cette salle accueillera diverses manifestations ou institutions. Lorsque le 20 août 1951, sur proposition de Jeanne Laurent, sous-directrice des spectacles au secrétariat d'État aux Beaux-Arts, Jean Vilar est nommé à la direction du lieu, celui-ci était occupé par l'O.N.U. Vilar inscrit son projet artistique dans une filiation avec la tentative de Firmin Gémier inaugurant en 1920, dans une salle du palais du Trocadéro, le premier Théâtre national populaire, qui ne vivra que peu de temps. De 1951 à 1963, le sigle du T.N.P. va être emblématique du renouveau du théâtre français. Dans cette salle immense (37 mètres du nez de scène au dernier spectateur), dont il avouait qu'elle provoquait chez lui « des symptômes de paralysie mentale », Vilar trouvera, en jouant sur la rigueur et le dépouillement de la représentation, les moyens de conquérir un nouveau public. Il va s'assigner trois obligations majeures : « un public de masse, un répertoire de haute culture, une régie qui ne falsifie pas les œuvres ». Pour lui, esthétique et éthique vont de pair. Il privilégie l'acteur-interprète et la langue du poète face à l'artifice et à l'illusion, pour « éveiller, par le moyen des grandes œuvres théâtrales, la compréhension des êtres et des choses de ce monde ». Durant cette période plus de cinq millions de spectateurs ont assisté aux 3 382 représentations du T.N.P. Le 31 août 1963, le mandat de Vilar prend fin. Georges Wilson lui succède dans un esprit de continuité. Il ouvre davantage le T.N.P. aux auteurs contemporains, et fait aménager à cet effet la salle Gémier (400 places). Après avoir connu des fortunes diverses, et devant les revers de sa politique, il quitte en 1972 le T.N.P. qui, l'année suivante, sera transféré au Centre dramatique national de Villeurbanne, sous la direction de Roger Planchon et Patrice Chéreau.
Nommé par Jacques Duhamel, ministre de la Culture, Jack Lang arrive à Chaillot en 1973 avec un projet fondé sur « la création d'une dramaturgie nouvelle dans un grand théâtre de recherche populaire », et qui associe Antoine Vitez et Christian Dupavillon à sa codirection artistique. Pour ce faire, il définit un vaste programme de restructuration de la salle, confié aux architectes Valentin Fabre et Jean Perrottet (Raffaelli et Napo sont les scénographes). Suivant la tendance architecturale et scénographique amorcée dans les années 1960, elle devient transformable, adaptable par un jeu de plates-formes et gradins amovibles à tous les dispositifs scène-salle (frontal, bifrontal, en arène, éclaté, etc.) pour une capacité maximale de 1 200 spectateurs. Il s'agit d'offrir aux créateurs un espace en mesure de répondre à toutes recherches ou expérimentations. Son inauguration, en 1975, soulève de nombreuses controverses et un tollé d'une partie de la presse. Après quelques tentatives novatrices réussies, utilisant le potentiel modulable de la salle dans une cohérence de création (mises en scène de Victor Garcia, Prometeo de Luigi Nono...), son utilisation s'inscrit rapidement dans un retour à un dispositif classique avec une scène frontale fixe, tant pour des raisons artistiques que de fonctionnement. En 1974, Michel Guy, secrétaire d'État à la Culture, interrompt la mission de Lang et nomme André-Louis Perinetti (1974-1981) pour développer un centre de création pluridisciplinaire. Au cours de l'année 1975,[...]
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Écrit par
- Jean CHOLLET : journaliste et critique dramatique
Classification
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