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THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLLINE

Le Théâtre national de la Colline est implanté dans un quartier populaire de l'est de Paris, sur la colline de Ménilmontant qui détermine son nom. Son histoire débute en 1962, avec l'acquisition par le ministère d'État chargé des Affaires culturelles du Zénith-Cinéma, une salle de 1 300 places destinée à l'implantation de la compagnie théâtrale La Guilde, animée par le metteur en scène Guy Rétoré. Après des travaux indispensables mais limités, le Théâtre de l'Est parisien (TEP) ouvre ses portes le 4 octobre 1963 avant d'être officiellement inauguré, quelques mois plus tard, par André Malraux. De 1965 à 1983, toujours sous la direction de Guy Rétoré, le TEP, dans une filiation d'esprit avec Copeau et Vilar, engage une aventure théâtrale de proximité dont l'audience dépassera rapidement les limites d'un quartier. Il présente des œuvres d'auteurs classiques et contemporains, mais aussi des artistes de variétés, des projections de films, avec un grand succès et malgré des conditions d'exploitation précaires. Sur proposition du ministre des Affaires culturelles, Jacques Duhamel, le TEP obtient le statut de théâtre national le 1er juillet 1972. Durant des années, Rétoré devra se battre pour obtenir un théâtre conforme à ses besoins. Lorsque enfin, en 1983, sous le ministère de Jack Lang, le projet d'un nouveau théâtre à l'emplacement du TEP est concrétisé, Guy Rétoré trouvera une solution de repli dans une salle voisine.

Après concours, la réalisation de ce théâtre est confiée à une équipe expérimentée composée des architectes Valentin Fabre, Jean Perrottet, Albero Catani et des scénographes Napo et Raffaelli. Construire un théâtre n'est jamais une affaire simple, particulièrement lorsqu'il s'implante sur un terrain exigu, dans un environnement urbain dense et contraignant. Sans extension possible, avec 30 mètres de façade, le parti architectural joue sur la verticalité dans la limite des réglementations urbaines, pour répondre aux objectifs fixés et permettre l'existence de deux salles de spectacle nécessaires à l'exploitation cohérente d'un théâtre de création. La grande salle en amphithéâtre, aux gradins courbes de 747 places, s'ouvre sur une scène frontale fixe (avec proscenium et fosse d'orchestre) de 370 mètres carrés, dotée d'une cage de scène et d'un équipement scénotechnique adaptés. Elle offre la possibilité d'accueillir sans dommage créations ou productions, dans de bonnes conditions de visibilité, d'écoute et de confort du public. Au-dessus d'elle, une petite salle modulable avec gradins démontables peut accueillir 214 spectateurs, pour des formes plus légères ou expérimentales. Lors de son achèvement, l'ensemble de l'édifice, d'une facture contemporaine et fonctionnelle (et d'un coût de 96 millions de francs, soit 14,64 millions d'euros), affiche une belle unité, compte tenu des contraintes imposées, tout en témoignant d'une échelle adaptée au théâtre d'aujourd'hui. Et si, particulièrement pour ce type de théâtre, l'absence d'une salle de répétition est remarquée, elle résulte d'une impossibilité d'extension voisine (cette lacune sera comblée fin 1993 avec l'acquisition d'un espace mitoyen). Car pour le reste, avec ses deux salles, sa sobriété décorative et une certaine souplesse d'utilisation, le théâtre ne présente pas de faiblesse rédhibitoire. Il répond même à un programme défini dans ses grandes lignes par Guy Rétoré, qui n'aura pas eu le loisir de profiter de ce nouvel outil.

Un moment contacté, en 1986, pour prendre la direction du théâtre, Robert Hossein ne donnera pas suite, jugeant sa dotation insuffisante. Au printemps 1987, sur proposition de François Léotard,[...]

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