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THÉÂTRE OCCIDENTAL Histoire

Le grand siècle du théâtre

Inauguré par la Tragédie espagnole de Kyd, jouée à Londres en 1587, le « grand siècle » du théâtre se clôt sur la représentation d'Athalieà Saint-Cyr (1691). Les valeurs de culture issues de l'humanisme et de la Réforme, puis de la Contre-Réforme, ce n'est plus l'Italie, politiquement affaiblie, ce n'est pas non plus la France, trop longtemps déchirée par la dissension religieuse, c'est l'Espagne, par l'organe de la Compagnie de Jésus, qui en assure la diffusion à travers l'Europe.

La « comedia »

Dans le théâtre de l'Espagne se conjuguent la veine épique des romances, l'inspiration mystique, un réalisme à saveur de terroir et un lyrisme souvent précieux (« cultiste ») mais toujours spontané. Le terme de comedia s'applique à toute composition dramatique nouant une intrigue complexe. Cette dramaturgie ignore la distinction des genres. Elle emprunte peu aux modèles antiques, davantage à l'Italie, plus encore au folklore national. Torres Naharro essaya le premier le découpage en cinq actes, mais la division en trois «  journées », avec changement de lieu d'une scène à l'autre, est demeurée plus habituelle. L'Espagne est la patrie de notre tragi-comédie, drame romanesque à dénouement heureux (sauf exception). Elle a aussi cultivé l'églogue, sacrée ou profane, et, de Lope de Rueda à Cervantès, les pièces courtes : sainetes, entremeses, momos, pasos ; sans oublier l'auto sacramental.

Les représentations se donnèrent longtemps à ciel ouvert, dans des corrales, sur des tréteaux dressés face à des gradins de charpente pouvant comporter des galeries et des loges grillagées (pour les dames). Le populaire restait debout dans le parterre, dont les dégagements latéraux formaient promenoir de part et d'autre de l'estrade. Les décors peints ne s'implantèrent qu'au temps de Lope de Vega, précédant de peu l'adoption du dispositif à l'italienne dans des édifices construits à cet effet. La troupe, pensionnée par quelque grand seigneur, comprenait des comédiennes. La profession ne semble pas avoir été en discrédit. Quant au public, lorsque la pièce était longue, il fallait tenir en respect sa turbulence soit sous le charme de l'intrigue, soit par l'attrait de jeux d'entracte, soit par les facéties du gracioso, valet ou paysan, balourd ou virtuose en fourberies, poltron, insolent.

Les plus anciens auteurs étaient en même temps comédiens et entrepreneurs de spectacles ; ils travaillaient vite, sur commande. La veine encore plus prolifique de leurs successeurs (pour le seul Lope de Vega, près de cinq cents titres recensés, le tiers de la production qu'on lui attribue) suppose l'existence de recueils de lieux communs, le réemploi de morceaux préfabriqués et la pratique admise du plagiat et de la contrefaçon. C'est merveille que, de cette masse, quelques œuvres aient émergé et survécu, ayant maîtrisé un thème de portée universelle : historique ou sociale chez Guillén de Castro, Alarcón et Lope de Vega ; théologique chez Tirso de Molina et Calderón. Les comédies « de cape et d'épée » miment avec une finesse brillante les façons et les mœurs de l'aristocratie. À Tirso on doit le premier en date des don Juan ; mais son burlador sévillan n'est qu'un voluptueux plus insouciant que pervers ; il lui manque la profondeur psychologique qui, à partir de Molière, fera de son exemple un symbole et de son aventure un mythe. D'une manière générale, l'essence tragique, dans ce théâtre, se dissipe sous le souffle de la Grâce ou dans l'élan chaleureux de l'héroïsme.

La « commedia dell'arte »

L'effort pour insuffler une âme aux structures reconstituées de la tragédie antique a tourné court en Italie ; en revanche, la[...]

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Écrit par

  • : agrégé de lettres, maître assistant honoraire à la Sorbonne

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Henrik Ibsen - crédits : Universal History Archive/ Universal Images Group/ Getty Images

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