THÉÂTRE OCCIDENTAL L'École du spectateur
De l'idéologie aux dispositifs
La création du ministère de la Culture en 1959 entend contribuer à une meilleure accessibilité des œuvres capitales de l'humanité mais « surtout pas comme à l'école », dira André Malraux. Celui-ci conçoit en effet la rencontre avec l'art comme une sorte de révélation devant la beauté, un moment mystique qui prélude à la connaissance alors que dans l'éducation populaire, le contenu est savant, le modèle pédagogique. Contre ce « pédagogisme », le ministère de la Culture va formuler le concept d'action culturelle, doté d'une dimension artistique et esthétique. Après 1968, les centres dramatiques proposent des interventions dans les établissements. La demande des enseignants devient insatiable. De 1970 à 1981, l'éducation populaire s'efface devant l'action et la démocratisation culturelles. Trois types de pratiques se font jour : une école du spectateur fondée sur l'idée qu'une représentation est susceptible d'une analyse sémiologique qu'il faut savoir décrypter (on s'appuie pour cela sur des répétitions publiques, décentralisées et à finalité didactique) ; des ateliers de jeu dramatique destinés à l'épanouissement des enfants ; enfin une action culturelle conçue comme une action politique (agit-prop). Se posent alors les questions de la compétence des acteurs et des animateurs ; celle aussi de la rentabilité sociale de telles actions demandées par les collectivités locales. Le passage s'effectue ainsi peu à peu d'une démarche idéologique et pédagogique issue de la Libération à une démarche consommatrice, même si les formations à destination des enseignants – on ne parle pas encore de partenariat – se mettent également en place pendant cette période.
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Écrit par
- Dominique PAQUET : docteur en philosophie, écrivain
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